PROFESSION DU PÈRE

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Un petit garçon de 12 ans est en admiration devant son père. Nous sommes dans une ville de province au début des années 1960 et il faut reconnaître que le papa a une destinée remarquable. Espion, chanteur, footballeur, pasteur et conseiller personnel du général de Gaulle, ce dernier semble avoir tous les dons. L’enfant le suit dans ses récits en acceptant les missions qu’il lui confie tandis que sa mère reste un témoin passif de leurs agissements. La violence points souvent son nez dans ce trio. Profession du père décrit leur relation qui devient de plus en plus toxique.

Avant de devenir un film de Jean-Pierre Améris, Profession du père a été un roman semi-autobiographique de Sorj Chalandon, publié en 2015. Ce dernier a pris des libertés avec la réalité, mais il reconnait s’être inspiré de son propre père. Il a ensuite été plus précis dans la description de ce dernier pour Enfant de salaud, paru en 2021.

Jean-Pierre Améris retrouve Benoît Poelvoorde qu’il avait dirigé dans Les Emotifs anonymes et Une famille à louer. Il a pensé à lui tout de suite pour le personnage principal de Profession du père. Il savait que l’acteur, qu’il compare Alberto Sordi et Vittorio Gassman, n’aurait pas peur d’endosser les travers de cet homme excessif. Le cinéaste a découvert le jeune comédien belge Julien Lefebvre dans Duelles d’Olivier Masset-Deplace. Ce dernier incarne le fils avec une grande sensibilité.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver L'EMPLOI DU TEMPS (Laurent Cantet livre un révit glaçant sur un mythomane qui s'invente une carrière. Aurélien Recoing y livre une performance glaçante.) ou encore COMME ELLE RESPIRE (Marie Trintignant émeut en dans cette comédie de Pierre Salvadori où ses mensonges épuisent son entourage.).

Benoît Poelvoorde reconnait volontiers qu’il accepte souvent ses rôles sans lire le scénario, par amitié ou intuition. Il a accepté le personnage de Profession du père parce qu’il connaissait le livre de Sorj Chalandon qu’il avait aimé et aussi parce qu’il avait confiance en Jean-Pierre Améris. Il n’était pas inquiet à l’idée de jouer ce père mythomane mais il a hésité devant les scènes de violence que le personnage principal fait subir à sa femme et à à son fils.

Benoît Poelvoorde estimait que le film est important parce qu’il parle de la maltraitance des enfants. Si lui-même n’a jamais été battu, il raconte que Jean-Pierre Améris et Audrey Dana lui ont confié l’avoir été. Il a donc décidé de jouer ce rôle brutal bien que plusieurs personnes de son entourage lui aient dit qu’il risquait de nuire à son image. Il a beaucoup plaisanté avec le garçon avant de tourner les séquences où il le frappe de façon à les dédramatiser. II confie que Julien Lefebvre est l’un des meilleurs partenaires qu’il a jamais rencontré.

Jean-Pierre Améris a souhaité qu’une grande partie de l’action se déroule dans l’appartement de la famille. Il souhaitait communiquer une impression  de claustration et a d’ailleurs renoncé à montrer les rues de Lyon dans les années 1960 de façon fidèle. Il a choisi sciemment de filmer des rues désertes afin de renforcer l’impression que les personnages sont coincés dans leur monde. Pour l’appartement lui-même, Jean-Pierre Améris a eu deux films très différent comme références. Il a pensé au Locataire (1976) de Roman Polanski et à Conjuring 2: Le Cas Enfield (2016) de James Wan. Il désirait rendre le lieu inquiétant comme l’était son propre logement lorsqu’il était enfant. Il avait envie de donner un côté « cinéma d’horreur » à son film.

Le cinéma est une alchimie dans laquelle plusieurs corps sont mis en présence. Une situation que l'histoire racontée nous fait partager, des personnages dans lesquels nous pouvons reconnaître des caractères parfois presque familiers, une ambiance faite de mots, de regards, ...

Comme à son habitude Améris opte pour un style qui flirte avec la comédie, un ton faussement léger, une fantaisie acidulé pourrait faire croire à du bonheur mais il s'agit bien d'un drame, familial et psycho-social qui va même ouvrir sur une porte derrière laquelle il pourrait ...

Profession du père à eu sur moi ( et la salle, j'y reviendrais) l'effet d'un uppercut. Benoît Poelvoorde est un homme fascinant dans son jeu, il est un de mes acteurs francophones préféré. Son rôle de père, violent, mythomane et maniaque le rend terrifiant, lui qui paraît ...