QUI À PART NOUS

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L’adolescence est un sujet inépuisable. Et son observation un travail passionnant. Le réalisateur espagnol Jonas Trueba en a tiré un film inclassable qui se joue des genres et bouscule tous les codes. Cinq ans durant, il a regardé grandir un groupe de garçons et filles âgés de 15 ans à qui il a permis d’exprimer tous les espoirs et toutes les frayeurs qui accompagnent cette période de la vie. Toutes leurs contradictions aussi à mesure qu’ils se frottaient à la réalité.

Jonas Trueba, né en 1981 est le fils de la productrice Cristina Huete et du réalisateur Fernando Trueba qui travaillent depuis toujours ensemble et avaient entre autres remporté l’Oscar du meilleur film étranger en 1992 pour Belle époque, avec une toute jeune Penelope Cruz au générique. L’adolescence était déjà au centre de La Reconquista, un des précédents longs métrages de Jonas. Candela Recio et Pablo Hoyos en étaient les interprètes centraux. Et c’est l’envie de continuer à les suivre, caméra à l’épaule qui a conduit à la création de Qui à part nous, tandis que les copains du jeune couple entraient également dans le champ de la caméra.

Le réalisateur y trouve l’occasion de continuer à discourir sur ses thèmes de prédilection que sont “l’amour, la vie de groupe, la frustration, la politique, l’amitié” dit-il, mais sans le cynisme propre aux adultes. Pour autant, l’originalité du film comme le verrez réside dans la manière dont ces jeunes s’approprient le discours et à travers lui, le film, entre documentaire et fiction. Une expérience de cinéma immersif passionnante. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver HITLER... CONNAIS PAS ! (En 1963, un tout jeune Bertrand Blier interrogeait en toute liberté un groupe de jeunes sur leurs aspirations et leur appréhensions.) ou encore NOS MEILLEURES ANNÉES (2003) (L'histoire d'une jeunesse italienne suivie et racontée au long des années 60/70.).

Qui à part nous donne une impression de grande liberté, or le film s’articule autour d’un protocole plutôt original. Jonas Trueba a commencé par expliquer à ses “acteurs” que l’idée n’était pas de “créer des personnages de fiction mais de créer à partir de vous” ainsi qu’il l’a expliqué au Monde. Cela ouvrait un espace intéressant, être soi-même tout en s’amusant à jouer de ce regard porté sur soi”. Sur cette base, la troupe était libre de proposer des idées, beaucoup de situations naissant alors de conversations spontanées. “On tâtonnait ensemble pour aller vers le possible”, explique le réalisateur d’Eva en août, son précédent long. “Après plusieurs mois, voire plusieurs années de tournage, on avait une connaissance plus approfondie des uns et des autres”. 

Au départ, l’expérience en soi suffit au bonheur de Jonas Trueba, comme si le work in progress était une fin en soi, le réalisateur acceptant même un instant que son œuvre put finir “par ne pas donner ,nécessairement un film”. Il pense avoir réalisé un long métrage “imprévisible” ou se mêlent plusieurs genres, entre témoignage, documentaire, fiction. Un film dans tous les cas généreux, “un peu dingue, un peu chaotique", estime t-il, jusqu’à générer une confusion entre réalité et construction fictive, laquelle conduit à générer” l'illusion propre au cinéma” estime Trueba. 

Au moment d’aborder ses influences, le réalisateur évoque en premier lieu le cinéaste anthropologue Jean Rouch, qui en 1959 avait conduit une expérience approchante dans La Pyramide humaine avec des lycéens d’Abidjan, puis des documentaires réalisés dans les années 70/80 par la télévision canadienne. Impossible de ne pas rapprocher aussi Qui à part nous d’Adolescentes de Sébastien Lifshitz (César du meilleur documentaire 2021) mais où la fiction est absente. On pense enfin à Boyhood de RIchard Linklater, portrait d’un adolescent tourné sur une période de 12 ans, mais de forme exclusivement fictionnelle. A noter que Jonas Trueba, dont le second prénom est… Groucho pouvait difficilement échapper à un destin de cinéma : c’est par admiration de ses parents pour Alain Tanner réalisateur de Jonas, qui aura 25 ans en l’an 2000 qu’il porte ce prénom peu fréquent en Espagne…

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Quién lo impide suit durant cinq années plusieurs adolescents madrilènes. Jonás Trueba filme avec virtuosité les doutes, les peurs, les premiers amours, les engagements, les déceptions et les joies d'une génération. Un documentaire fleuve et magnifique sur cet entre deux ...

En 2016, Jonás Trueba filmait des jeunes adolescent.e.s madrilènes pour son long-métrage de fiction La reconquista. Pressentant qu’une autre histoire était à raconter cette fois-ci dans le temps présent du documentaire, le cinéaste les a suivi.e.s pendant 5 ans afin de ...