SIMON ET THEODORE

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« Ce qui m’émeut, ce sont les contre-exemples. Les gens qui, dans la vie, essaient de bien faire les choses mais font des erreurs. On apprend plus d’eux que des parcours héroïques ou extraordinaires. » Mikael Buch, le réalisateur de Simon et Théodore s’intéresse manifestement plus aux personnages que la vie a bousculés, aux êtres fragilisés qu’aux superhéros.

Simon s’apprête à devenir père. Mais ce jeune homme au comportement imprévisible saura-t-il s’occuper de son enfant ? Théodore est, quant à lui, un ado en révolte sur le point de faire sa bar-mitzvah qui marque dans le judaïsme l’accès à la maturité religieuse. Mais au dernier moment il fugue. Le temps d’une nuit à arpenter Paris, Simon va tenter de le convaincre de rentrer chez lui tandis que l’épouse de Simon et la mère de Théodore font front commun.

Fasciné par le cinéma américain des années 70 et des films comme Harold et Maude ou L’Epouvantail, Mikael Buch a voulu retrouver ce ton à la fois joyeux et noir à travers des personnages « bigger than life », plus grands que la vie. Il a demandé à Félix Moati, Nils Othenin-Girard, épaulés par Mélanie Bernier et Audrey Lamy, de les incarner pour composer cette double histoire d’amitié naviguant entre élans de tendresse, accès de mélancolie et bouffées de comédie. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver OUVERT LA NUIT (Une déambulation entre humour et mélancolie dans Paris la nuit) ou encore TOUT SUR MA MÈRE (Mélange réussi entre tragédie et fantaisie, le film d'Almodovar est pour le réalisateur Mikael Buch son idéal de cinéma.).

Pour construire le personnage de Simon avec sa souffrance qui l’amène à s’en prendre à lui-même, Mikael Buch a nourri son imagination en repensant à des films des années 70 tels que Une femme sous influence de John Cassavetes ou Taxi Driver de Martin Scorsese. Ce qui fait la force de ces personnages c’est que leur pathologie n’est pas expliquée, elle reste énigmatique. Et l’absence d’étiquette précise sur leur mal-être permet aux spectateurs de se projeter, d’éprouver de l’empathie. « La colère de Simon est une force vitale, commente-t-il, elle produit des étincelles qui sont aussi joyeuses parfois.  Cet espèce de trouble très dur c’est aussi un moteur de comédie burlesque. »

Mikael Buch n’a pas écrit le rôle de Simon en pensant à Félix Moati. Et il a même tardé à le rencontrer car il gardait de lui une image juvénile qui ne cadrait pas avec le personnage. En fait, le casting a été plutôt délicat : pour ce rôle tout en fragilité, les comédiens craignaient de ne pas avoir l’air assez dur à l’écran. En revanche  dès que Félix Moati s’est présenté, le metteur en scène a su qu’il saurait lâcher prise et inspirer quelque chose de joyeux malgré des situations difficiles. Quant à Nils Othenin-Girard, Théodore à l’écran, le réalisateur l’a choisi après avoir vu 200 ados. « Il avait tout, raconte-t-il. Il levait les yeux au ciel dès que je lui disais quelque chose qui ne lui plaisait pas, l’air de dire « mais t’es complètement con » !

A l’heure des écrans de plus en plus larges et alors que le format d’image 16/9 a balayé le 4/3 moins spectaculaire, Mikael Buch avait pourtant opté pour le 4/3 dès l’écriture du scénario. Selon lui, il est idéal pour filmer la ville et les personnages comme il le souhaitait. En rétrécissant le champ, il pouvait mieux s’approcher des êtres, les isoler du monde pour passer ensuite à des vues plus larges où les personnages se perdent dans Paris. L’idée était de pouvoir montrer qu’ils sont « au milieu du monde et à la fois complètement en eux-mêmes ».

Alors que nous pensions découvrir une petite comédie légère, Simon et Théodore s’est joué de nous. Dans le bon sens du terme, rassurez-vous. Dès la séquence d’introduction dans un magasin de jouets, le film de Mikael Buch dévoile un drame émouvant, poignant, bouleversant ...

Bar Mitsvah : un rite initiatique par lequel le jeune garçon juif marque sa majorité, en principe à 13 ans. Simon (Félix MOATI) ne va pas bien depuis qu’il a découvert qu’il allait devenir père. Tout se bouscule et s’il est protecteur pour les autres, il est dangereux ...

En partant de sujets apparemment lourds (la paternité, la judéité, les troubles psychiatriques) Mikael Buch nous offre un film limpide et bouleversant. Il faut terriblement aimer les gens pour être capable de composer une galerie de portraits aussi juste et implacable. Le moindre ...