STEAK

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Commençons le menu par le début. Le film s’appelle Steak. Steak comme un morceau de bœuf. Quel rapport le premier film de Quentin Dupieux a-t-il avec ce bout de viande ? Est-ce un pied de nez précurseur à la mode vegan ? Une apologie de la gastronomie ou au contraire de la boucherie ?

Rien à voir, explique le jeune réalisateur en légitimant son choix de la sorte : « Le mot steak est partout sur la planète. Il évoque évidemment la viande, mais au-delà de ça, il n’évoque plus rien. Le mot est usé. On peut lui donner le sens qu’on souhaite. Ici, ça veut dire titre de film ».

De son point de vue, Steak serait aussi universel que ce qui réunit et occupe la bande de potes dont Quentin Dupieux va nous raconter l’histoire. À sa sauce. Adepte des titres concepts courts, le cinéaste enchaînera avec Rubber (caoutchouc en français), l’histoire d’un pneu tueur, Wrong, Réalité, Au poste ! et Le daim en 2019.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA TOUR MONTPARNASSE INFERNALE (Parce que le duo Eric et Ramzy y cultive le même style d'humour potache, absurde mais profondément humain.) ou encore AMERICAN GRAFFITI (Pour les décors sixties et l'ambiance décadente de fin de collège américain).

Steak est donc l’histoire d’une bande de potes, les Chivers, dans laquelle deux vieux copains veulent entrer, mais pas ensemble. Car Steak est aussi le récit d’une amitié contrariée entre Georges et Blaise. Et enfin la projection d’un monde qui hésite entre un décor et les codes des sixties américaines et un futur proche où tout le monde pratique à haut dose la chirurgie esthétique. Georges et Blaise sont deux copains d’enfance, tenus à distance par les vedettes du lycée. Un hasard malencontreux va les séparer pour plusieurs années. Durant cette période, Georges finit par rejoindre la bande charismatique locale, les Chivers. Quand Blaise le retrouve, il tient lui aussi à être adoubé par ces blousons rouges. Il y parvient en prenant une tangente toute personnelle.

A l’époque de Steak, Quentin Dupieux débute dans le monde du cinéma. Certes, il a commis un Nonfilm, une comédie à l’humour déjà absurde en 2002. C’est dans la musique électro-pop sous le nom de Mr Oizo qu’il a connu le succès. Son tube de 1997, Flat Beat, a été vendu à plus de 3 millions d’exemplaires et repris par les jeans Levi’s pour leur pub. Ce qui explique la présence au générique de Steak de talents des musiques actuelles : Sébastien Tellier, Kavinsky alias Vincent Belorgey, Sebastian…

Mais Steak est surtout la rencontre avec un duo comique improbable au charisme étonnant : Eric et Ramzy. Ils se sont connus en boîte de nuit et ont inventé un style humoristique original, mélange de non-sens, de blagues potaches tout en étant pétri d’une sensibilité à fleur de peau. Révélés par la série hospitalière et très drôle, H, ils débutent ensemble au cinéma dans Le ciel, les oiseaux et ta mère !, réjouissent une génération entière avec La Tour Montparnasse infernale et sa suite, La Tour 2 Contrôle infernale, puis avec Double Zero, Les Dalton, Seuls Two, Halal Police d’Etat. Parallèlement aux 18 films et quatre séries tournées ensemble, ils s’essaient chacun à des carrières personnelles Ramzy surtout comme acteur, Eric plutôt en tant que réalisateur. Et chacune de leur apparition reste une surprise.

Heureusement, et comme souvent, l'affiche vous ment, "Steak" n'est pas une comédie avec Éric et Ramzy, ça on s'en fout, mais le premier chef-d’œuvre de Quentin Dupieux, et là on ne s'en fout plus du tout. On ne s'en fout pas car il y a dans le monde sclérosé de la comédie ...

Steak, C'est un film à part, complètement décalé, un ovni du cinéma français. Malheureusement son plus grand tord est d'avoir été vendu sous un mauvais emballage à un public non adapté pour ce genre de films, en effet comme beaucoup j'ai été berné par la campagne publicitaire ...

"Oué se film il é nul, ia erik é ramzi é on rigol pa! i devré arreté le sinéma LOL" En gros, c'est ce que reproche la plupart des spectateurs ayant vu Steak. Et bien je me permettrai de leur répondre que ces gens n'ont strictement rien compris au film. Vraiment. Car si ...