THÉRÈSE

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Symptomatique de l’épure du cinéma d’ALAIN CAVALIER, THERESE est marqué par un extrême dépouillement de l’image  - et du son, puisqu’il s’agit pour le réalisateur de filmer des personnages qui ont fait vœu de silence. Le film s’articule ainsi autour de fondus au noir, il ne comporte aucune musique, et voit son décor de studio limité au minimum : un unique mur gris sur lequel se déroulent toutes les scènes.

Inspiré de l’histoire de la carmélite Thérèse Martin, devenue Sainte Thérèse de Lisieux, ce film est aussi nourri des souvenirs d’adolescence d’ALAIN CAVALIER, qui a été élevé dans un pensionnat religieux et qui avoue avoir eu, à l’époque, de vraies « bouffées de mysticisme ».

Alors qu’il s’intéresse au personnage depuis le début des années 70 – il avait même approché ISABELLE ADJANI pour l’incarner – ALAIN CAVALIER sort finalement THERESE en 1986 avec CATHERINE MOUCHET dans le rôle titre: âgée à l’époque de 28 ans, la comédienne sort tout juste du Conservatoire où, ironie de l’histoire, on lui a fait remarquer qu’elle dégageait une présence particulièrement forte … quand elle ne parlait pas ! 

ALAIN CAVALIER, qui l’a vue sur scène, travaille pendant deux ans sur le scénario de son film avant même de lui dire qu’il envisage de la choisir pour le rôle. Le visage de la comédienne, source d’inspiration pour le cinéaste, constituera aussi le cœur de son film, d’une incroyable intensité. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE DIALOGUE DES CARMÉLITES ou encore LE GRAND SILENCE .

La vie de Sainte Thérèse de Lisieux inspirait déjà JULIEN DUVIVIER en 1929 avec LA VIE MIRACULEUSE DE THERESE MARTIN. Plus largement, la vie monastique a souvent fasciné le cinéma, notamment avec LE DIALOGUE DES CARMELITES, réalisé en 1960 par PHILIPPE AGOSTINI et le Père RAYMOND LEOPOLD BRUCKBERGER ou LE GRAND SILENCE, radical documentaire de PHILIPPE GRöNING consacré en 2006 au Monastère de la Grande Chartreuse.

THERESE marque une vraie rupture dans la carrière d’ALAIN CAVALIER : assistant de LOUIS MALLE sur ASCENSEUR POUR L’ECHAFAUD et LES AMANTS, il fait ses débuts à l’époque de la Nouvelle Vague, à laquelle il n’a pourtant jamais appartenu. Ses deux premiers longs métrages, très politiques, abordent la question du fascisme avec LE COMBAT DANS l’îLE, et de la guerre d’Algérie avec L’INSOUMIS, interprété par JEAN-LOUIS TRINTIGNANT et ROMY SCHNEIDER. Vient ensuite la période du succès public avec LA CHAMADE, adaptation d’un roman de FRANCOISE SAGAN qui marque pourtant un temps d’arrêt dans sa carrière.

Revenu à une forme plus instinctive de cinéma, voire expérimentale avec MARTIN ET LEA et surtout CE REPONDEUR NE PREND PAS DE MESSAGES, ALAIN CAVALIER commence avec THERESE un travail de l’épure qui le conduira à se passer peu à peu de dialogues (LIBERA ME), de comédiens (il se tourne vers le documentaire) et enfin d’équipe technique avec IRENE, bouleversant portrait de sa femme disparue.

À l’époque de sa sortie, THERESE a fasciné le public français : PRIX DU JURY à Cannes, le film remporte 6 Césars dont celui du Meilleur Film, du Meilleur réalisateur et du Meilleur scénario. Notons qu’ALAIN CAVALIER a coécrit ce dernier avec sa fille, CAMILLE DE CASABIANCA, passée depuis à la réalisation avec PEKIN CENTRAL. 

20 ans après, "Thérèse" fait toujours autant figure d'OVNI, rencontre improbable entre un cinéaste exigeant et le grand public, ou mieux, rencontre entre un cinéma radical (le goût de l'épure et de l'essentiel, jusqu'à ré-écrire une partie de la syntaxe cinématographique) ...

Il y a un film de Cavalier que j'utilise partout où je dois parler de cinéma, que ce soit à l'écrit ou à l'oral : La repasseuse. Ce petit morceau de pellicule contient selon moi à peu près l'essence du cinéma, sa force, ses formes et ses contours. Tailler dans le blanc, ...

Ce n'est pas une évocation libre (comme le dit le résumé proposé ici) de la vie de Ste Thérèse de Lisieux, mais plutôt une évocation très stylisée. Le film a en effet adopté un style assez austère et très dépouillé : une évocation de moments de la vie de Thérèse ...