TOUT FOUT LE CAMP

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Pour son huitième long métrage, Sébastien Betbeder réalise une comédie en demi-teinte qui prend diverses formes, mais ressemble surtout à un road movie en roue libre. Il suit un personnage qui ne sait pas très bien où il en est, après avoir tout quitté pour suivre une fille qui l’a largué très vite. Depuis, il est pigiste au Courrier Picard à Amiens, la ville de Macron. 

Un jour, il reçoit pour mission d’interviewer le fondateur du Parti sans cible, candidat malheureux aux élections. La rencontre est plus fructueuse que prévu, les deux larrons deviennent amis et sur leur chemin, ils rencontrent un frère et une sœur avec lesquels ils vont se sentir bien au point de devenir inséparables. Par la suite, ils cherchent à maintenir ce lien sans autre but que de faire durer le bon temps. 

Ce voyage étrange est soutenu par un scénario qui sait où il va tout en restant ouvert à la spontanéité, tandis que des comédiens atypiques rendent leur compagnie très attachante, en particulier Usé, un musicien qui avait déjà joué face à Thomas Scimeca dans JUSQU’A L’OS, un moyen métrage du même réalisateur.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver SAINT-AMOUR (Même réflexe chez ces personnages qui trouvent dans l'itinérance (et sur la route des vins) une façon de resserrer les liens.) ou encore LE GRAND SOIR (Dans une ville de province, deux frères que tout oppose se retrouvent pour faire la révolution à leur manière.).

Une bonne partie de l’inspiration de TOUT FOUT LE CAMP vient de la rencontre avec le musicien Usé (de son vrai nom Nicolas Belvalette). Le réalisateur Sébastien Betbeder a eu envie de le filmer après l’avoir vu en concert. Il voulait l’associer à l’un de ses acteurs habituels, Thomas Scimeca, en croyant deviner que leur rencontre donnerait naissance à une forme particulière de comédie. Une première expérience a eu lieu à l’occasion du moyen métrage JUSQU’A L’OS, que poursuit d’une certaine façon TOUT FOUT LE CAMP. L’épisode de la candidature d’Usé à la mairie d’Amiens est inspiré de la réalité, puisque le musicien a réellement fondé le Parti sans cible pour réagir à la fermeture par la municipalité d’un lieu où il avait l’habitude de se produire. Après avoir recueilli 2,5% des voix, Usé avait été élu « personnalité de l’année » par le Courrier Picard, ce qui a donné au cinéaste l’idée de faire faire son portrait par le pigiste joué par Thomas Scimeca.

Partant du réel, Betbeder entendait glisser vers une fiction qu’il souhaitait « rythmée, aventureuse, pleine de péripéties et totalement libre », selon ses propres mots. De faire du personnage principal un journaliste permettait ce passage de la transcription du réel à travers le filtre d’une sensibilité personnelle, invitant le spectateur à s’y identifier. L’indépendance revendiquée par Sébastien Betbeder est précieuse et il y tient, quitte à tourner avec un budget modeste. Il a eu du mal à financer TOUT FOUT LE CAMP à cause de sa distribution jugée pas assez porteuse, mais le réalisateur tenait à réunir des comédiens dont il admire le travail, au-delà de tout calcul. Etant donné la marginalité assumée de ses personnages, le cinéaste précise qu’ « il était inimaginable de le produire avec des comédiens trop médiatisés ». 

Parmi ses influences, Betbeder cite deux films d’Alain Cavalier, LE PLEIN DE SUPER et UN ETRANGE VOYAGE, ainsi que deux films de Jacques Rivette, LE PONT DU NORD et HAUT ET BAS, FRAGILE. Il cite aussi BAD TASTE de Peter Jackson et EVIL DEAD de Sam Raimi pour le côté gore bricolé. 

C’est une réalisation de Sébastien Betbeder qui avait signé dernièrement Debout sur la montagne en 2009. Il en a aussi écrit le scénario. Une affiche est la carte de visite d'un film. Rien qu'à la voir celle de Tout fout le camp, on peut deviner que celui-ci ...

Thomas se rêvait grand journaliste mais il travaille au Courrier Picard, et n'écrit que sur des freaks locaux. Un jour, sa rédaction lui demande un portrait du chanteur Usé, élu récemment personnalité de l'année du journal, pour s'être présenté aux éléctions ...

[À ceux qui disent que le cinéma ?? est mort]Vu hier soir "Tout fout le camp" de Sébastien Betbeder, un "Objet Cinématographique Non Identifié" d'une grande singularité (à la croisée des Nuls, de Dupieux et d'Ionesco) jusque dans la diction très ...