UN AMÉRICAIN À PARIS

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Au début des années 50, la comédie musicale n'est plus la même. La décennie précédente l'a poussée à se sophistiquer sous l'égide d'un homme, Arthur Freed. En plus de créer une passerelle avec de Broadway en formant une équipe à partir des talents de la scène pour la MGM, il a intégré aux films musicaux, le principe d'en faire une forme d'art pictural à part entière.

Une idée d'avant-garde qui le mènera vers Un américain à Paris, la composition sous influence jazzy de George Gershwin, inspiré par l'énergie que le musicien avait senti lors de ses séjours à Paris. Le scénario, une bluette pas si anodine que ça quand elle sait être mélancolique, n'est qu'un prétexte pour faire place à la science savante de scènes de ballets plus virtuoses les unes que les autres, renforcées par les évocations des peintres français impressionnistes ou d'une vie de bohème à la Française.

Vicente Minnelli et Gene Kelly, duettistes derrière la caméra, se chargèrent d'insuffler allégresse et apesanteur à un monde en carton-pâte qui embellit la réalité des histoires d'amours, pour en faire un triomphant art de la sérénade.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CHICAGO (Un des grands classique de Broadway portés à l'écran.) ou encore FRANTIC (Le film de Roman Polanski plonge un Américain dans un séjour parisien virant à l'énigme.).

Une comédie musicale démarre forcément par un pas de deux. En l'occurrence, pour Un américain à Paris par celui auquel se prêtèrent Arthur Freed et Ira Gershwin, le frère du compositeur, au long de leurs traditionnelles parties de billard où il négocia patiemment pendant plusieurs années les droits de l'oeuvre musicale dont il était admiratif. Et puisque les contraintes imposées par Gershwin furent l'obligation d'utiliser exclusivement des compositions de lui ou son frère et que la partition de la pièce-titre soit respectée à la note près, Freed décida d'en faire la pièce majeure du film, qui s'il suit un rythme de métronome à raison d'une scène dansée quasiment toutes les dix minutes, s'orchestre autour de ce final grandiose.

Cette mythique séquence de dix-sept minutes faillit pourtant être évincée du film, à cause de son coût faramineux (un million de dollars à elle seule) pour l'époque mais aussi du retard qu'elle prit sur le planning de production, notamment à cause de l'indisponibilité soudaine de Nina Foch, actrice ayant contracté la coqueluche trois jours avant son tournage. D'autres membres de l'équipe du film auraient eu de quoi tomber malade, comme Irène Sharaff, la costumière, qui travailla d'arrache-pied pour créer des vêtements correspondants aux univers des peintres ayant inspiré chaque scène de ballet, de Raoul Dufy à Maurice Utrillo, Van Gogh, Manet ou Toulouse-Lautrec pour ne citer qu'eux. Le film ayant été tourné intégralement en studio aura mobilisé trente personnes pour créer les quarante-quatre décors conçus pour l'occasion. Un challenge qui n'inquiéta jamais Vicente Minelli, cinéaste très à l'aise avec des représentations artificielles, ayant même déjà tâté ce terrain avec Le Pirate, sa précédente comédie musicale et son île des caraïbes reconstituée.

Un américain à Paris ne comportera que deux plans furtifs tournés à Paris par une seconde équipe. Et ce n'est même pas dans la capitale française que sera trouvée Leslie Caron, actrice franco-américaine. C'est à Londres, en assistant à un spectacle de la troupe de Roland Petit dont elle faisait partie, que Gene Kelly la repère avant de  la proposer à Minnelli et Freed. Kelly finissant par la diriger lui-même pour certaines séquences, Minnelli devant s'éclipser, accaparé par son divorce avec Judy Garland. L'acteur-danseur ayant dû de toutes façons se préoccuper surtout des chorégraphies de Caron, qui ne parlait alors quasiment pas l'anglais. L'absence totale de dialogues durant les vingt-cinq dernières minutes du film ayant probablement facilité les choses.

Un Paris romantique, des danses au bord de la Seine, de somptueuses musiques ou encore un Gene Kelly irrésistible, voilà le tableau d'Un Américain à Paris, et il est réjouissant de s'y aventurer, transmettant une bonne humeur fortement contagieuse. Vincente Minnelli s'appuie ...

Il n'y a pas si longtemps, j'aurais honni ce film. Un acteur principal soit disant peintre qui ne fait que danser et chanter, un Paris idéalisé et stéréotypé, une romance à 2 balles omniprésente, un surjeu massif, une actrice tâcheronne, des décors en carton kitch au delà ...

Pour commencer il faut reconnaître que le film a de la gueule. Décors de Cedric Gibbons, parfaits comme toujours, mise en scène brillante de Vincente Minnelli, musique énorme de George Gershwin, numéros musicaux souvent très réussis, surtout quand Gene Kelly s'en mêle, ...