UN CHÂTEAU EN ENFER

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Un château en enfer (1969) est né de la volonté de trois personnes de retravailler ensemble : le réalisateur Sydney Pollack, le scénariste David Rayfiel et le comédien star Burt Lancaster. Ce dernier, déjà très impressionné par la mise en scène au théâtre, à Los Angeles, en 1964, par Sydney Pollack de la première pièce de Rayfiel (PS 193) a eu envie de monter une société de production avec ses deux complices. Pollack l’avait déjà dirigé à deux reprises : pour le doublage du Guépard de Visconti et dans Les Chasseurs de scalp. Bien que non crédité au générique, Rayfiel avait été lui le scénariste des deux premiers films de Pollack : Trente minutes de sursis (1965) et Propriété interdite (1966).

Dès qu’il l’a lu sur épreuves, Rayfiel s’est enthousiasmé pour Un château en enfer, le roman de William Eastlake. Mais les droits en avaient déjà été acquis par Martin Ransohoff, le producteur du Kid de Cincinnati, et un premier scénario en avait été tiré par David Taradash. Comme Ransohoff voulait Lancaster pour le premier rôle, celui-ci a accepté à condition que Pollack réalise, ce dernier réclamant à son tour que Rayfiel en rédige le scénario. Dans leur adaptation, Rayfiel et Pollack ont choisi de rester très fidèles au roman. 

Les deux hommes étaient subjugués par la problématique qui nourrissait cette histoire de château rempli d’œuvres d’art, enjeu d’un combat entre Américains et Allemands en 1944 : entre la vie et l’art qui en est une représentation, que vaut-il mieux sauver ? « Le film était rempli de symboles, se souvient Pollack. Avec un cow-boy, un cuisinier, un boulanger, un historien de l’art, un Indien et un borgne, les GI étaient tous des prototypes d’Américains. Et pareil pour le Comte français stérile, qui avait besoin qu’on lui infuse l’énergie des Américains. »

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA BATAILLE DES ARDENNES (Un autre film qui se situe dans le même cadre historique) ou encore APOCALYPSE NOW (Un film qui porte un regard symbolique sur la guerre, dont le tournage en extérieurs a été aussi très mouvementé avec la destruction accidentelle du décor).

Parce que le château devait être détruit à la fin, il a été d’emblée décidé qu’il serait entièrement construit pour le film. Dans l’espoir de faire des économies, la production a choisi de tourner en ex-Yougoslavie. Max Douy, décorateur fétiche de Jacques Becker, Henri-George Clouzot et Claude Autant-Lara, s’est occupé des intérieurs à Belgrade, avec son frère Jacques, tandis que Rino Mondellini (décorateur de La Tulipe noire) a construit l’extérieur du château en forêt, dans la région de Novi Sad. Mais rien ne s’est passé comme prévu et ce fameux château a coûté bien plus que prévu.

Sa façade, qui s’étendait sur 110 mètres, devait être protégée par des douves. Mais comme l’emplacement de ces dernières n’avait pas été renforcé par du grillage ou du ciment, toute l’eau qui avait été déversée, a été absorbée par la terre en une nuit et il a fallu revoir l’installation. Par la suite, l’eau a gelé et il a fallu faire venir de Paris, par avion, de l’air comprimé pour faire fondre la glace. Le tournage de l’incendie du château a été, lui, tourné au milieu des prises de vues. Pour être sûr d’avoir des images spectaculaires, Pollack a demandé qu’on utilise pas moins de huit cent litres d’essence. Il a été servi. La détonation a été si puissante que les flammes se sont propagées dans toute l’infrastructure du décor qui avait été imprudemment construit en bois. En cinq minutes exactement, le décor a été entièrement détruit et il a fallu le reconstruire pour terminer le film.

Le choix de la Yougoslavie avait été opéré dans l’espoir qu’il neige. Or durant l’hiver 1968, le temps a été particulièrement clément et il a fallu fabriquer de la fausse neige avec de la poudre de marbre et des cailloux blancs répartis partout sur le sol. On a dû aussi pulvériser le décor avec du plâtre et du talc, envoyés par l’action de grandes hélices d’avion utilisées comme des ventilateurs géants. De tout cela résulte que le tournage qui aurait dû être bouclé en trois mois a duré le double. À sa sortie, Un château en enfer présenté comme un film de guerre traditionnel, alors qu’il développe une réflexion sur l’art et la vie, a été un échec retentissant. Il n’a toutefois pas empêché Sydney Pollack, qui garde un faible pour ce film maudit, d’enchaîner avec son adaptation d’On achève bien les chevaux.

On pourrait qualifier Un Château en enfer d'une sorte de film de guerre philosophique avec ses protagonistes retirés dans un château isolé se posant des questions sur leur sort, mais cela ne sera que momentané car les soldats devront affronter à nouveau la guerre, à l'endroit ...

Critique écrite en Mai 2010 Cinquième film de Pollack, c'est une très très bonne surprise. Dans un film de guerre, il est rare de voir une présence féminine aussi importante (autre que pour la décoration), et c'est le cas ici, car cela s'accompagne également d'une ambiance ...

Juste avant d'exploser avec "On achève bien les chevaux", Sydney Pollack dirigeait à nouveau Burt Lancaster dans cet étrange film de guerre un peu oublié dans la foisonnante carrière du cinéaste. Pure injustice, tant le film de Pollack mérite bien plus qu'un simple coup ...