UN HOMME ET UNE FEMME (VERSION RESTAURÉE)

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Lorsque Claude Lelouch s’apprête à jeter sur le papier les premières lignes de ce qui deviendra Un homme et une femme, son moral est au plus bas. Il a 28 ans, il a déjà réalisé cinq longs métrages de fiction et des documentaires et, cinq ans plus tôt, il a fondé sa propre maison de production, Les Films 13. Le cinéma, c’est sa vie depuis son plus jeune âge. Mais là, il se demande vraiment s’il ne doit pas abandonner. Certes, Une fille et des fusils vient de lui valoir le Grand prix du festival du jeune cinéma d’Hyères. Mais Les grands moments, réalisé juste avant a été un tel échec !... Alors, comme chaque fois que ça ne va pas, il a pris sa voiture et foncé dans la nuit. Direction Deauville. Il s’est garé près de la plage, il s’est endormi dans sa voiture. Sous le pâle soleil qui l’a réveillé au petit matin de ce jour de septembre, il a distingué, au loin, des silhouettes. Celles d’un chien, d’un enfant et d’une femme, certainement très belle. « J’ai essayé de me rapprocher d’elle et tout en me rapprochant, j’essayais de trouver une explication. Les idées venaient comme ça et, tout en marchant, j’écrivais l’histoire d’Un homme et une femme ».


Le souvenir de Claude Lelouch est-il plus beau que la réalité ? Toujours est-il que le film qu’il entreprend alors va faire scintiller son nom aux frontons des salles de cinéma du monde entier. Et ressembler, sans doute, à ses rêves les plus fous de succès et de notoriété.

Sélectionné au festival de Cannes, où il se retrouve en compétition avec Orson Welles qui y présente Falstaff, Un homme et une femme remporte la Palme d’or (ex-aequo avec Ces messieurs-dames, de Pietro Germi). La première d’une impressionnante série de récompenses glanées un peu partout dans le monde (42 au total), parmi lesquelles un Golden globe et deux Oscars, celui du meilleur film étranger et du meilleur scénario original.

 
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Un homme et une femme a été tourné en quatre semaines, caméra à l’épaule, avec un budget des plus modestes. D’où l’alternance de couleur (pour les extérieurs) et de noir et blanc (pour les intérieurs), option esthétique découlant d’une contrainte financière. Les séquences du rallye de Monte-Carlo, filmées comme un vrai reportage, sont en fait, un vrai reportage. Jean-Louis Trintignant, neveu du pilote Maurice Trintignant, est aussi un adepte du sport automobile. Il participa de fait au rallye de Monte-Carlo, Claude Lelouch étant dans la voiture avec une caméra 16 mm.

Après avoir songé un temps à Romy Schneider, Claude Lelouch a porté son choix sur Anouk Aimée, actrice qui avait à son actif une trentaine de films depuis Les Amants de Vérone (1947) et qui sera, par la suite, dans de nombreux Lelouch : Vivre pour vivre (1967), Si c’était à refaire (1976), Viva la vie ! (1984) ou Hommes femmes, mode d’emploi (1996). Jean-Louis Trintignant était, lui aussi, un acteur à la carrière éprouvée, au théâtre comme au cinéma. Lui aussi retrouvera Claude Lelouch à de nombreuses reprises. Ce sera Le voyou (1970), La bonne année (1973), Viva la vie! (1984), Partir, revenir (1985).

Le tournage d’Un homme et une femme s’est déroulé, pour eux, dans des conditions inhabituelles. Ils découvrirent le scénario au jour le jour, Claude Lelouch ne le leur donnant que quelques heures avant les prises ─ une méthode du cinéaste visant à encourager l’improvisation et à privilégier la spontanéité.

Les « cha-ba-da-ba-da » du film, si célèbres qu’ils en sont l’emblème premier, ont été mis en musique, on le sait, par Francis Lai et proférés par Nicole Croisille. C’est en entendant la chanteuse, par hasard, dans un bar de la rue Saint-Benoît que le cinéaste a eu l’idée d’ajouter son timbre à son film.

Les motifs du film, la rencontre et l’histoire d’amour alliés à un bienheureux hasard, le cinéma (à travers le métier de script exercé par le personnage d’Anouk Aimée) et la voiture (via le personnage de Jean-Louis Trintignant) resteront les grand thèmes du cinéma de Claude Lelouch.

En 1977, le cinéaste fera, à sa façon, un remake d’Un homme et une femme. Ce sera Un autre homme, un autre chance. Un film américain où l’intrigue se déplace à l’époque de la conquête de l’Ouest, avec James Caan, Genevieve Bujold et Francis Huster. En 1986, ce sera Un homme et une femme : vingt ans déjà. Avec le même couple d’acteurs, Claude Lelouch continuait l’histoire d’Un homme et une femme.

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