UN PAPILLON SUR L'ÉPAULE

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Réalisé deux ans après Profession reporter, Un papillon sur l’épaule commence de la même façon : un homme découvre un cadavre dans la chambre voisine de l’hôtel où il vient de s’installer. Mais alors que le film d’Antonioni racontait une histoire d’usurpation volontaire d’identité, celui de Jacques Deray  s’intéresse à la victime d’une confusion d’identité.

Et cette fois, le spectateur est invité à suivre le point de vue de l’innocent joué par Lino Ventura, qui est pris pour quelqu’un d’autre et qui ne comprend absolument pas pourquoi tout d’un coup, de mystérieux individus lui demandent quelque chose qu’il n’a pas. On devine une machination, et on cherche à donner du sens à tous les indices qui se présentent, mais pas plus que le personnage, on ne comprend ce qui se passe qu’à la toute dernière minute.

Lino Ventura prenait un risque en jouant ce contre emploi inhabituel. C’est un rôle quasi muet, l’acteur ne faisant souvent que répéter ce que ses protagonistes lui disent, comme pour essayer de comprendre.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA MORT AUX TROUSSES (Comme le chef-d'oeuvre d'Hitchcock, Un papillon sur l'épaule base son intrigue sur une confusion d'identité.) ou encore L'HOMME QUI VOULAIT SAVOIR (Une autre intrigue étrange, autour de la disparition de la femme du héros.).

Avant d’écrire avec Tonino Guerra Un papillon sur l’épaule, Jean-Claude Carrière avait déjà travaillé trois fois pour Jacques Deray sur La piscine, Un homme est mort et Le gang. Il poursuivra  cette collaboration assez régulièrement, avec par la suite Borsalino et Un peu de soleil dans l’eau froide, avant d’enchaîner sur des nombreux téléfilms. Pour Un papillon sur l’épaule, le réalisateur et son scénariste avaient entrepris quelque chose de volontairement plus ambitieux, et dans le documentaire consacré au film, Jean-Claude Carrière affirme que ce script est peut-être l’un des plus audacieux qu’il ait conçu.

Au départ, il rappelle une intrigue typiquement hitchcockienne, avec un personnage d’innocent embarqué malgré lui dans une intrigue qui le dépasse. Mais le roman de John Gearon dont il s’inspire, est assez typique des années 70, en ce qu’il montre un homme sain d’esprit, mais dont la situation lui donne l’apparence de la folie. Tout d’un coup, il ne comprend plus rien de ce qui lui arrive, et  en cherchant à donner du sens au moindre signe, il adopte un comportement qui ressemble à de la paranoia. Le scénario est construit pour amplifier la notion que le personnage n’est pas fou, mais que la réalité est faite de complots et de machinations qui peuvent se déchaîner sans prévenir.

Lino Ventura était très mal à l’aise avec ce rôle qu’il avait hésité à accepter, et sur le tournage, il n’arrêtait pas de demander des explications à Jacques Deray. Celui-ci hésitait à lui répondre, de peur de trahir les intentions  des scénaristes. La fin du film, au cours de laquelle un personnage est abattu en pleine rue sans que personne ne réagisse, est resté célèbre parce qu’il a réellement été tourné en caméra cachée, avec des vrais passants dont l’indifférence n’était pas feinte.

Quel bonheur de découvrir en salle l'un de ses films préférés, car même si on l'a vu 10 fois, on a l'impression de le découvrir. Film à part dans la carrière de Ventura comme de celle de Deray, il s'agit d'un grand film kafkaio-hitchcockien, se déroulant intégralement ...

Il s'agit d'un film chargé de mystère ... Le scénario est hitchcockien, évoquant un peu celui de Mort aux trousses. Roland est marin et son bateau fait escale au port de Barcelone pour une semaine. Mais lorsqu'il arrive dans le chambre de son hôtel il entend des gémissements ...

Sans doute le meilleur film de Jacques Deray qui ne m'avait pas habitué à ça. Comme il le fera deux ans plus tard dans Trois hommes à abattre (1980), Deray filme un individu entrainé dans une série d’événements qui le dépassent. Du cinéma dépouillé (deux notes de ...