UNE VIE CACHÉE

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Il y a plusieurs manières de résister à l’inacceptable. Certains choisissent de s’engager frontalement et d’autres décident de lutter plus discrètement. C’est cette voie qu’avait choisi Franz Jagerstatter durant la dernière guerre mondiale et le film de Terrence Malick que vous allez maintenant regarder est tiré de son histoire, comme une manière de rendre hommage à un homme qui a dit « non »…

Tout se déroule en Autriche : Franz est un modeste paysan vivant avec sa femme et leurs enfants dans un petit village. Quand Hitler annexe le pays et demande aux hommes de s’engager dans son armée, Franz va refuser. Considéré comme un déserteur, un traître, il va chèrement payer le prix de sa désobéissance civique mais également faire peser sur les siens le poids de son refus…

Avec la maestria visuelle qui lui est connue, la réalisateur américain donne à cette chronique humaine les airs d’une grande fresque, portée par deux acteur magnifiques : August Dielh et Valérie Pachner…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver BLACKBOOK (On a peu traité de la Résistance à l'occupant nazi dans les pays limitrophes de l'Allemagne : en Autriche et aux Pays-Bas, les actes héroïques se sont pourtant multipliés...) ou encore LES GARDIENNES (Nous avons tous vu des images de guerre mais comment se passaient les choses à la campagne ? En voici deux illustrations familiales intenses...).

En 2019 cela faisait un moment que Terrence Malick avait abandonné la forme traditionnelle du récit pour tourner ses films. Sans froisser ses disciples les plus acharnés, disons que Song to song, Voyage of time, A la merveille ou Knight of cups pouvait décontenancer voire perdre les spectateurs dans une abstraction méditative assez poussée ! Avec Une vie cachée, sans abandonner un credo mystique qui ne l’a jamais vraiment quitté depuis Les moissons du ciel en 1978 ou même La balade sauvage en 73, Malick renoue avec un schéma plus classique et salue le refus acharné d’un paysan autrichien face à la folie guerrière d’Hitler… Cette figure du résistant traverse l’histoire du cinéma.

Plusieurs films sur l’Antiquité s’y sont intéressés, comme Spartacus de Stanley Kubrick dans lequel Kirk Douglas incarne l’esclave qui mena la révolte contre Rome. On peut voir aussi dans le personnage de Moïse, joué par Charlton Heston dans Les dix commandements, le symbole certes religieux mais aussi social de l’opposant à un régime tout-puissant, en l’occurrence celui de Pharaon… En 1937, à l’aube de la seconde guerre mondiale, La grande illusion de Jean Renoir préfigurait ce que beaucoup de nos soldats allaient connaitre peu après en racontant, la captivité d’un groupe de militaires tricolores, retenu prisonniers en 14/18 par les allemands dans une forteresse et imaginant un plan ingénieux pour s’échapper… Après 1945, de nombreux longs métrages ont évidemment glorifié la Résistance héroïque de celles et ceux qui avaient entendu l’appel du général De Gaulle plutôt que d’écouter les sirènes de la collaboration.

La liste serait trop longue, mais on peut revoir à ce sujet des films importants comme La bataille du rail et Paris brûle-t-il ? de René Clément, L’armée des ombres de Jean-Pierre Melville, Lacombe Lucien et Au revoir les enfants de Louis Malle, Le dernier métro de François Truffaut, Lucie Aubrac de Claude Berri mais aussi Le train de John Frankenheimer et Arthur Penn.

Le Festival de Cannes 2019 vient de vivre son premier choc avec Une vie cachée de Terrence Malick, présenté en compétition officielle. Le cinéaste américain est à son meilleur et arrive à trouver le parfait équilibre entre la narration de ses premiers films et ses expérimentations ...

Terrence Malick n’a rien perdu de ses manies : les gros plans et le grand angle, les travellings avant, les contre-champs, les lumières naturelles, la contemplation de la création, le souci du détail et de l’authenticité, la voix-off, mais celle-ci s’est faite moins interrogative ...

Malick a toujours été, en un sens, hors du temps : que ce soit par ses figures qui semblent traverser l’espace sans que la société n’ait de prise sur eux (La balade sauvage, Les moissons du ciel), par un regard en surplomb qui essore la vanité d’une époque (Song to ...