WARDI

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Résumer les soixante-dix longues années du conflit israëlo-palestinien en un récit. Le faire dans un film d’animation, entièrement vu par les yeux d’une enfant. Voilà le pari, d’une ambition parfaitement déraisonnable, tenté et tenu par le cinéaste norvégien, élevé en partie en Egypte, Mats Grorud.

Wardi ne raconte pas seulement en effet la vie de Wardi, une enfant dans un camp de réfugiés palestiniens, mais également celle des générations avant elle, à travers une structure en flashbacks où la petite fille voit défiler les vies, les tragédies passées, de ses parents et de ses proches. Avec, en son centre, le destin de son grand père Sidi, mourant, et qui a vécu dans sa jeunesse la Nakba, soit la « catastrophe », nom donné par les Palestiniens à l’exil forcé de leurs terres en 1948.

Ce point mémoriel au cœur du scénario irradie tout le film. Les marionnettes incarnant les personnages, ainsi que le choix de l’animation, illustrent le projet du réalisateur, celui d’un long métrage où l’histoire existerait dans toute sa dureté, mais en conservant l’espoir et la lumière du regard d’une enfant qui, elle, peut encore croire en un avenir meilleur que les horreurs du passé.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PERSÉPOLIS (Parce que le film de Marjane Satrapi est l'un des seuls à oser s’aventurer sur un terrain similaire, mêlant l'animation, le regard de l'enfance, et les remous politiques du Moyen-Orient) ou encore VALSE AVEC BACHIR (Parce que ce film d'animation d'Ari Folman ose également raconter, par l'animation, l'un des épisodes les plus tragiques de l'histoire du Liban, et du conflit israëlo-palestinien.).

Pour son premier film, après le succès critique de ses court métrages, Mats Grorud a fait quelque chose de relativement répandu dans le monde du film d’animation : il est retourné dans son enfance. Mais si, pour certains, cela se traduit par le surgissement des contes de fées ou du merveilleux à la Disney, le réalisateur y voit sa propre mère, au début des années 1980, lorsqu’elle commença à travailler dans des camps de réfugiés libanais comme infirmière et parlait à son fils de ce qu’elle y avait vu. Une réalité qui devint bientôt concrète pour le Norvégien Grorud, lorsque toute sa famille déménagea en Egypte.

Scolarisé au Caire, l’enfant fit, à 12 ans, ses premières visites à Jérusalem et à Gaza en pleine Intifada, et se retrouva face à des camarades qui, au même âge que lui, étaient déjà plongés en plein conflit. Des souvenirs qui marquèrent Grorud et contribuèrent à sa décision d’aller étudier au Liban, d’animer des ateliers en Palestine, afin de se confronter pleinement à une réalité qui l’avait effleuré. C’est bien entendu là qu’est né Wardi, des dizaines de témoignages, parfois d’amis proches, parfois de connaissances fugaces, recueillis sur place. Une somme qui motiva le metteur en scène, le poussant à démarre l’écriture dès son retour en Norvège.

Le cinéaste l’admet lui-même, il y a une forme de tricherie au centre du récit. En effet, la plupart des enfants dans les camps, sont au courant de leur histoire, et la découverte du passé ou des malheurs de sa famille par la petite fille Wardi n’est pas entièrement réaliste. Mais elle était une nécessité narrative, et fait de l’héroïne un personnage composite, mélange entre une amie proche de Grorud et le metteur en scène lui-même, tel qu’il était lors de son arrivée au Liban, avant d’écouter et d’apprendre des habitants. Le devoir de mémoire au cœur du film a, en Norvège, atteint sa cible, permettant à des milliers d’ateliers de se créer pour répondre aux questions que posèrent les enfants sur la tragédie palestinienne, et l’impossible retour au pays.

Le réalisateur Mats Grorud a connu une enfance bercée par les histoires et récits de sa mère infirmière au Liban dans les années 80 . Plus tard le jeune homme se rendra lui même au Liban et commencera à recueillir de nombreux témoignages de palestiniens sur l'histoire ...

La petite Wardi, yeux grands ouverts sur le monde, est le personnage éponyme du premier long-métrage de Mats Grorud, réalisateur norvégien. Entourée de toute sa famille empilée à la verticale, faute de place, sur le premier abri (d’où le titre original, « The Tower », ...

Après avoir vu la bande annonce de ce film je pensais qu'il allait exclusivement traiter de la relation entre Wardi et son arrière grand-père Sidi, mais en réalité il s'agit d'un vrai portrait de famille. Wardi, à la recherche de l'espoir, interroge ses proches, témoins ...