WE NEED TO TALK ABOUT KEVIN

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Dès les premières images de ce film, vous allez comprendre que quelque chose de terrible est arrivé à cette femme. Son prénom est Eva. On sait, on sent qu’elle a été heureuse et belle. Mais alors qu’a-t-il bien pu lui arriver ? We need to talk about Kevin fait partie de ces films que l’on reçoit comme une paire de gifle ! Une claque de cinéma comme on en voit peu... Croyez-moi, vous n’êtes pas prêts d’oublier l’histoire de cette mère de famille qui n’a jamais aimé son fils, qui a tout de même sacrifié sa vie pour l’élever et qui a reçu le pire en remerciement...

C’est Tilda Swinton qui prête ses traits anguleux et son physique racé à ce personnage obsédant, torturé et bouleversant. L’accompagner dans le labyrinthe de cette histoire, c’est remonter 16 ans de vie comme on accomplit un chemin de croix. Mais, quelle leçon, quelle puissance et quel spectacle. Pour son 6e film, la réalisatrice britannique Lynne Ramsay vise juste et frappe fort... accrochez-vous !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver DAMIEN : LA MALÉDICTION (Rien n'est plus émouvant qu'un enfant : ses maladresses, ses doutes, ses progrès...Mais quand le Mal s'empare de ces âmes fragiles, la candeur se transforme vite en terreur !) ou encore ELEPHANT (Régulièrement, l'actualité transforme les campus américains en lieux de drames terribles. Des tueries aussi sauvages qu'inexpliquées s'y déroulent, faisant à chaque fois des victimes innocentes.).

We need to talk about Kevin est un des grands oubliés du palmarès du festival de Cannes 2011. Tout monde y avait parié sur le prix d’interprétation féminine, qui semblait dévolu à Tilda Swinton... Une déception générale qui n’a sans doute même pas effleuré cette comédienne hors-normes, qui enchaîne les rôles à performance comme d’autres les perles !

Aussi à l’aise dans des films indépendants et dans d’énorme super-production, vous avez ainsi pu la découvrir depuis ses débuts en 1986 à l’affiche de Vanilla Sky, Broken flowers, Burn after reading mais aussi du Monde de Narnia ou L’Etrange histoire de Benjamin Button.

Les Oscars américains ont su récompensé son talent en lui décernant la statuette dorée du second rôle féminin en 2008 pour « Michael Clayton » où elle jouait les méchantes face à George Clooney. Mais le cinéma français a lui aussi exploré les multiples de facettes de Tilda Swinton cette même année dans un film remarquable, Julia d’Erick Zonca, autre portrait de femme à la dérive, blessée par la vie.

La prestation de l’actrice ne doit pas faire oublier celle du Kevin du film que vous venez de voir : Ezra Miller. Ce jeune comédien découvert à la télé dans des séries comme Californication s’est fait remarquer sur grand écran dans City island aux côtés d’Andy Garcia, grâce à son talent évident mais aussi à un physique atypique. Incarner les enfants, violents, meurtriers ou habités par le Mal n’est jamais chose aisée pour un acteur débutant : Linda Blair n’est s’est jamais vraiment remise de ses premiers pas à l’écran dans L’Exorciste et Hayden Christensen a bien du souci à exister depuis qu’il a incarné Dark Vador jeune...

Reste qu’il n’est pas ici question de surnaturel ou de science-fiction. Si We need to talk about Kevin nous touche tant, c’est que tout y est terriblement crédible, tiré du roman de Lionel Shriver. En brassant les thèmes de l’éducation des enfants et de la place de la mère, l’écrivain ne pouvait que susciter le débat et la réflexion, comme le film tiré de son œuvre...