ACCUSÉE, LEVEZ-VOUS

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Accusée, levez-vous est le premier parlant de Maurice Tourneur. Né en 1876, il démarre sa carrière en assistant le sculpteur Auguste Rodin, et le peintre Puvis de Chavannes, avant que son attrait pour le monde du spectacle ne le fasse atterrir dans celui du cinéma. À partir de 1912 il se lance dans la réalisation en adaptant Dumas, Gaboriau ou encore Gaston Leroux. Le talent de Tourneur est salué aux États Unis où il entame une carrière, avant de revenir en France pour signer de nombreux classiques, dont le plus connu est le film fantastique La Main du diable. Son fils, Jacques, qui fut son assistant, devient également un cinéaste réputé comme le prouve La féline.

L’accusée de Maurice Tourneur est Gaby Morlay. Née en 1893, elle débute sa carrière d’actrice au au cinéma avec Max Linder. Ce dernier lui fait partager l’affiche dans de nombreux courts-métrages. Morlay connait la consécration avec Accusée levez-vous qui en font une vedette du 7ème art. Par la suite elle enchaine de nombreuses collaborations avec des cinéastes de renom comme Sacha Guitry, Abel Gance ou Marcel L’Herbier. Symbole de la femme libre et indépendante dans les années folles, Morlay eu un versant plus sulfureux, quand elle devint la maîtresse de Max Bonnafous, secrétaire d’État à l’agriculture du Maréchal Pétain, qu’elle épousa en 1961.

De Fritz Lang à David Fincher, en passant par Michelangelo Antonioni ou Henri Verneuil, la mise en scène de l’architecture sur grand écran, est un art à part entière. Un art de la subtilité graphique et de l’imperceptible, qui témoigne d’une grande maîtrise du cadrage et du montage. À travers Accusée levez-vous, Maurice Tourneur démontre son savoir faire en la matière. Loin d’être handicapé par l’arrivée du parlant et sa machinerie imposante, Tourneur utilise à merveille les perspectives, couplé à des mouvements de caméras parcimonieux placés à des moments clés du récit, pour décupler l’impact émotionnel du film sur le spectateur.

Accusée, levez-vous, est un récit en deux parties bien distinctes. La première, avant le drame, se situe dans un cabaret parisien. L’occasion pour Maurice Tourneur de montrer les coulisses de cet environnement sous un jour quasi documentaire, où les rivalités et l’humour sont omniprésents. La seconde, centrée sur le procès, est l’occasion pour le cinéaste d’opter pour un registre beaucoup plus dramatique. Le film de Maurice Tourneur apparait comme une charge à l’encontre des injustices que subit la condition féminine, ainsi que le milieu artistique, le tout sans négliger l’enquête. Des éléments qui font de Accusée, levez-vous une réussite iconoclaste.