COMPTE TES BLESSURES

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Sorti le 25 janvier 2017 – le même jour que La La Land –, Compte tes blessures est le premier long métrage de Morgan Simon, ancien élève de la Fémis (section scénario) et déjà auteur de courts métrages, notamment remarqués au festival Premiers Plans d’Angers en 2013 et aux Césars en 2016.

Avec Compte tes blessures, Morgan Simon met en scène un triangle amoureux « un peu étrange », dit-il lui-même, entre Vincent, chanteur de post-hardcore aussi tatoué que charismatique, son père Hervé, poissonnier sur les marchés qui se lève à quatre heures tous les matins, et Julia, la nouvelle petite amie de son père.  

Vue à plusieurs reprises chez Xavier Dolan – entre autres dans Les Amours imaginaires –, la canadienne Monia Chokri incarne cette jeune femme partagée entre un père et son fils, respectivement incarnés par le britannique Nathan Willcocks – que Morgan Simon avait déjà dirigé dans quatre de ses courts métrages – et le Français Kévin Azaïs, lui aussi déjà dirigé par Morgan Simon et, surtout, César du meilleur espoir masculin 2015 pour Les Combattants. Présenté dans de nombreux festivals, Compte tes blessures y fut remarqué et parfois récompensé, comme à San Sebastian – Prix du meilleur jeune réalisateur – ou comme à Aubagne, Saint-Jean-de-Luz et même Stockholm, où Kévin Azaïs décrocha le Prix du meilleur acteur.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UN FILS (AMAL BEDJAOUI, 2003) (Difficiles relations entre un père enfermé dans le deuil de sa femme et son fils, Selim, travesti et prostitué à la dérive.) ou encore PÈRE FILS THÉRAPIE ! (2016) (Aventure dans les gorges du Verdon pour un ultime rapprochement père-fils !).

Après avoir suivi des études de biologie, Morgan Simon, qui ne souhaitait pas disséquer des grenouilles toute sa vie, s’orienta vers un BTS de communication où il découvrit les premières minutes de 2001, l’Odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick. Le futur cinéaste fut "scotché", comme il l’avouera plus tard, et décida d’intégrer la section "scénario" de la Fémis – l’école nationale supérieure (et gratuite) des métiers de l’image et du son. En guise de scénario de fin d’étude, Morgan Simon écrivit ce qui, quelques années plus tard, deviendra Compte tes blessures. Entre temps, il avait entamé sa carrière de cinéaste avec plusieurs courts métrages, dont Essaie de mourir jeune, dans lequel s’imposait, déjà, la complexe relation entre un père et un fils, lui aussi très tatoué.

Le père c’était, déjà, Nathan Willcocks, le fils, c’était Julien Krug – véritable chanteur de post-hardcore véritablement tatoué – qui deviendra Matthew, le bassiste de Compte tes blessures, pendant le tournage duquel il fut, également, le coach vocal de Kévin Azaïs. Plutôt orienté hip-hop et pas chanteur de formation, ce dernier interprète en live toutes les chansons entendues dans le film. « Il a grave envoyé », estimera Morgan Simon, admiratif. C’est après avoir tourné avec Isabelle Huppert dans Souvenir, du belge Bavo Defurne, que Kévin Azaïs endossa la personnalité et les tatouages de Vincent. En plus de ses propres tatouages, chaque jour, il passait plus de deux heures à ajouter ceux spécialement créés pour le film par le maquilleur Pascal Larue, déjà auteur, entre autres, des tatouages vus dans Brice 3, de James Huth.

Le titre du film, trouvé avant l’écriture du scénario, fait allusion – en l’inversant – à l’expression anglo-saxonne "Count Your Blessings", que l’on retrouve tatouée sur le torse du héros et qui signifie "Compte les bienfaits de la vie". Il s’agit, également, du premier album de Bring Me The Horizon, emblématique groupe de post-hardcore britannique formé en 2004 et très apprécié par le réalisateur. Mélangeant cris et chants, le post-hardcore est un dérivé mélodique et moderne du hardcore, la musique radicale et contestataire des années 1980.

Morgan Simon placarde ses influences, ne cache ni ses maîtres à penser, ni son intention de jouer avec les limites d’une certaine moralité. Un jeu dangereux qui lui vaudra sans doute d’être détesté par quiconque ne parviendra pas à se laisser convaincre que, dans l’ombre ...

Dès la première scène de Compte tes blessures, sorte de cri blessé d'un jeune chanteur tatoué, on se souvient que Morgan Simon, dès ses premiers courts métrages, n'a jamais cherché à être aimable. Avec des titres accrocheurs comme "Essaie de mourir jeune" ou "Réveiller ...

Pour qui aurait fait connaissance avec Kevin Azaïs dans son rôle d’apprenti militaire attendrissant des Combattants, la transition est un choc. Embarqué dans le premier long métrage de Morgan Simon, il offre une nouvelle tessiture de son répertoire, en jeune homme à la ...