POUR LE RÉCONFORT

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Dans la catégorie "film fauché" voilà un long métrage avec lequel vous en aurez pourtant pour votre argent. Passé derrière la caméra dans un exercice désespéré de cinéma vérité, Vincent Macaigne a convoqué certains de ses amis du Conservatoire pour improviser, en grande partie, une œuvre fébrile, mouvante, bouillonnante, où la parole se fait souveraine, avec, en toile de fond, son admiration pour La cerisaie d’Anton Tchekhov.

But de l’entreprise, débattre de la lutte des classes de ses limites et du leurre qu’en partie elle représente, le tout dans un mélange de colère salutaire et d’humour à l’emporte pièce. Le film s’intitule Pour le réconfort, mais pas sûr pour autant qu’il vous en apporte beaucoup justement, du "réconfort". D’autant que l’idée de son auteur est de vous faire entrer dans le débat. De prendre parti. Et de juger si certains dans la vie ne mériteraient pas qu’on "leur coupe la tête" comme au bon vieux temps de Robespierre !

Le prétexte réside dans le retour au bercail d’un frère et d’une sœur issus d’un bon milieu, après des années passées à voyager aux frais de papa, sans contingences. Leur soudaines difficultés matérielles les conduit à la confrontation avec leurs amis d'enfance qui eux, sont d’origine modeste et n'ont jamais quitté leur patelin. Et c’est bien sûr dans ce fossé social que le feu va prendre… Vincent "Droopy" Macaigne espère que son film vous donnera cependant de la force, plus qu’il ne vous donnera à voir sa profonde peur et son abyssale mélancolie. On en reparle tout à l'heure ?

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA MAMAN ET LA PUTAIN (Jean Eustache figure parmi les réalisateurs "bavards" que Vincent Macaigne admire.) ou encore DEUX AUTOMNES, TROIS HIVERS (Vincent Macaigne, interprète de ce film, se meut dans un univers où les personnages se posent des questions existentielles dans un registre tragi-comique.).

Tourné il y a quatre ans avec une modeste caméra numérique, sans scénario ou presque, sans budget et en seulement dix jours, Pour le réconfort est le fruit de la bonne volonté dont a fait preuve l’équipe réunie autour de Vincent Macaigne. De son propre aveu, "Ç’eut été bizarre de faire un film qui parle d’argent et de conflits de classes sociales, et d’avoir beaucoup d’argent pour le faire". Certains jours, un ami chef opérateur venait l’aider, ainsi qu’un ingénieur du son, tandis que ses acteurs se relayaient à la perche. "Tout le monde a été très généreux et venait pour rien comme ça, juste pour tenter des choses" a-t-il raconté.

Ce travail de mise en scène Vincent Macaigne l’a voulu modeste et il l’est. La fraîcheur et la radicalité qu’inspire l’ensemble, ne sont pas sans faire penser au travail de Jean Eustache jadis sur La maman et la putain, ou bien à celui de Maurice Pialat à ses débuts. Des maîtres que Vincent Macaigne reconnaît sans jamais se comparer et auxquels il joint souvent le nom de John Cassavetes. Trois cinéastes qu’il admire, par la confiance qu’ils manifestaient envers leur public. "Il prenaient, dit-il, le risque de ne pas être aimés".

Né en 1978, Vincent Macaigne occupe une place unique dans le paysage artistique hexagonal. Entre en 1999 au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique, il a monté sa première pièce en 2007 et accédé à la notoriété en 2009 avec sa relecture de L’idiot de Dostoïevski sur la scène de Chaillot, avant de diviser la critique, deux ans plus tard, durant le Festival d’Avignon avec son adaptation de Hamlet. Au cinéma, il est un acteur multiforme, qui a su aussi bien attirer l’attention de cinéastes francs-tireurs comme Samuel Benchetrit pour le film Chien, que par des réalisateurs mainstream comme Nakache et Toledano qui l’ont merveilleusement mis en scène dans Le sens de la fête.

J’aime bien Vincent Macaigne acteur, sa façon de parler et sa mélancolie. Certes, il joue souvent le même rôle, et plus ou moins dans les mêmes films, mais il le joue bien : s’il y a Vincent Macaigne dans un (souvent premier) film français, je suis content, et je ...

Un premier film réussi ! Vincent Macaigne a présenté son film en séance spéciale de l'ACID. Il s'agit d'un projet expérimental entamé il y a quatre ans, tourné en deux semaines à l'époque de Deux automnes, trois hivers et La bataille de Solférino. Pascal ...

N'allez surtout pas voir ce film pour le confort, vous n'en aurez pas une minute, mais pour le réconfort oui. Celui de savoir que des personnes "installées", étant parvenues à un certain statut, continuent à se battre (Le tournage a duré quatre ans, faute à un financement ...