IO ZOMBO, TU ZOMBI, LEI ZOMBA

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Que reste-t-il de Nello Rossati ? Une poignée de films flotte à la surface d'une œuvre hétérogène, jalonnée d’une quinzaine de titres pas forcément tours inspirés. Les amateurs de spaghetti et de gros calibres mentionnent d'ordinaire Django 2, malheureuse suite de l'opus inaugural signé Sergio Corbucci, la « commedia sexy » Défense de toucher avec Ursula Andress et Jack Palance et le giallo La gatta in calore porté par son éphémère muse Eva Czemerys. Essentiellement circonscrite aux années 70, la filmographie débraillée de Rossati mute au gré des goûts du public italien qui fréquente les salles de quartier (« terza visione »), avide de sensations fortes, de sexe, de farce et d’épouvante.

Sorti en novembre 1979 face au dernier film d’Elio Petri, Les Bonnes Nouvelles, Io zombo, tu zombi, lei zomba déterre à peu près tous ces filons, non sans une certaine dose de roublardise. Nello Rossati plante sa caméra, le nez au vent, à la croisée des chemins dans la périphérie romaine et imprime sur pellicule un long-métrage polymorphe né de la collusion de la comédie - érotique - à l’italienne, du pur spectacle bouffon et du film de zombie. Extrait de sa cuve en surchauffe, Io zombo pave la voie à la comédie de zombies, premier jalon d’un genre plus tard poncé jusqu’à l’os par le cinéma américain (Zombieland, Shaun of the Dead, The Dead Don’t Die…).

Le casting bariolé qu’aligne le générique cristallise l’impureté joyeuse du geste. Duilio del Prete, camarade de Jacques Brel passé chez Mario Monicelli, Dino Risi et Peter Bogdanovich, donne la réplique au rondelet Renzo Montagnani, doubleur italien de Michel Piccoli et Charles Bronson passé à la postérité en France grâce au rôle du colonel Farès dans Les Aventures de Rabbi Jacob de Gérard Oury. Rossati agrémente son bouquet de visages abonnés à la comédie érotique (Gianfranco D'Angelo et Nadia Cassini, quelques mois plus tôt à l’affiche de Starcrash : Le Choc des étoiles de Luigi Cozzi) et au péplum (Daniele Vargas). Io zombo tire de cette distribution aux fraises une folie furieuse à la contagiosité galopante.

« Mais c’est quoi ces conneries ? ». La question posée le premier quart d’heure donne le ton. Io Zombo désarme l’amateur de gore en plusieurs temps. Goguenard, Nello Rossati ne verse pas dans la furie gore d’un George A. Romero, père tutélaire envoyé sur les roses sans honte aucune, mais plutôt dans un certain rabelaisianisme transalpin exploré par ses compatriotes Dino Risi et Marco Ferreri. Le film évacue le commentaire politique de La Nuit des morts-vivants (« un film de merde ») par la petite porte au profit d’une pure pantalonnade peuplée de zombies arthrosiques, d’amants fugitifs et de sales gosses. Après tout, peu importe le carafon, pourvu qu’on ait l’ivresse !