JASON ET LES ARGONAUTES

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Jason et les Argonautes explore un terrain que le cinéma visite assez peu, celui de la mythologie de la Grèce antique, Jason est un héros qui, pour reconquérir le royaume de son père doit rapporter la Toison d'or qui se trouve en lointaine Colchide. Il s’embarque à bord de l’Argo avec un équipage vaillant, les Argonautes, parmi lesquels quelques stars, Hercule, Thésée, Castor et Pollux. Ensemble, ils vont affronter les éléments et quelques créatures monstrueuses pour parvenir jusqu’à la Toison, leur graal. Ils seront aidés par plusieurs dieux bienveillants, mais rudoyés par d’autres. Parce qu’en haut de l’Olympe, la concorde ne règne pas plus qu’elle ne s’impose parmi les hommes…

Si les scènes olympiennes ne suscitent au mieux qu’un sourire amusé, les exploits de Jason et ses hommes ne peuvent que déclencher l’admiration. La mythologie est féconde pour qui s’intéresse au fantastique. Et le film de Don Chaffey réunit à cet égard toute une kyrielle de scènes qui s’adressent à notre âme d’enfant et provoquent une admiration légitime. Du passage au milieu des Symplégades, ces roches qui vacillent et écrasent les navires qui tentent de passer entre elles, jusqu’au combat avec l’armée de squelettes, en passant par l’affrontement avec les harpies ou l’hydre à sept têtes, le film est riche en scènes d’anthologie.

Les auteurs du film ont néanmoins gommé certains aspects du mythe de Jason. Qui une fois son exploit accompli va se frotter à la passion de Médée, une femme prête à tuer, qui ira jusqu’à occire ses propres enfants. Une figure des plus tragiques qui correspond assez peu au récit épique qui prévaut ici mais dont Pasolini s’emparera avec beaucoup d’à-propos quelques années plus tard. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver ULYSSE (C'est un autre très bel exemple d'une adaptation de la mythologie grecque.) ou encore LE 7È VOYAGE DE SINBAD (Ray Harryhausen est également responsable des effets spéciaux.).

Si le signataire de Jason et les Argonautes est Don Chaffey, un cinéaste britannique des plus estimables, c’est néanmoins le nom de Ray Harryhausen qu’il faut retenir pour évoquer le film. Car c’est à lui que l’on doit les superbes effets spéciaux dont le film nous gratifie. Il est vrai que ce magicien de l’image sortait à peine du Septième voyage de Sinbad, un conte des Mille et une nuits où il avait fait montre d’une imagination débordante, et qu’il avait la ferme intention de faire mieux encore. Personne ne contredira qu’il a effectivement atteint ici son sommet.  Mais le film n’est pas pour autant une vitrine pour les créatures fantasmagoriques imaginées par Harryhausen, il est véritablement porté par une énergie, un sens du récit peu communs. Le charme du film Ulysse de Mario Camerini est de toute évidence égalé, même si le sympathique Todd Armstrong n’a pas l’aura de Kirk Douglas, qui prête ses traits au héros de l’Odyssée.

Mais revenons à Ray Harryhausen, il n’y aura jamais de meilleure occasion de lui rendre hommage, Jason et les Argonautes constituant le sommet de sa carrière. Notre homme est né américain, en 1920. Mais il mourra fidèle sujet de Sa Majesté la reine quelque 93 ans plus tard. Il a donc treize ans quand il découvre King Kong et s’émerveille tant devant le film de Schoedsack et Cooper qu’il décide que c’est cela qu’il veut faire une fois adulte. En réalité il n’attendra pas de l’être pour bricoler ses propres effets spéciaux au fond d’un garage, avant d’intégrer le monde du cinéma et créer des dizaines de figurines qui peupleront les films sur lesquels il travaille. J’ai la chance de pouvoir en témoigner : Ray Harryhausen avait transformé son domicile londonien en une sorte de musée pour les créatures auxquelles il donnait vie image par image. Parce que tout cela date d’avant l’arrivée des effets spéciaux numériques. 

Harryhausen n’avait d’ailleurs de mot assez dur pour fustiger les nouvelles technologies, qui faisaient passer le cinéma fantastique de l’art à l’industrie. Le tout dernier film sur lequel il a travaillé, Le Choc des Titans, est également le dernier où l’on a travaillé à l’ancienne. Aujourd’hui, avec un ordinateur tout est possible et les effets spéciaux sont très propres, sans doute trop propres.  Qui ne feront jamais oublier qu’il a fallu près de deux ans pour peaufiner chaque scène de Jason et les Argonautes, dont quatre mois pour la seule scène du combat des squelettes, une scène qui au final ne dure que trois minutes. Mais ces trois minutes sont magiques, le plus bel exemple de ce procédé de dynamation mis au point par le maitre, qui enrichit l'ancestrale technique de la double exposition avec cache. Mais le spectateur n’y voit que du feu et se régale sans chipoter son plaisir…

Jason et les Argonautes, un de ces péplums à la sauce mythologie grecque qu'on ne se lasse pas de revoir, que ce soit pour l'histoire, somme toute fidèle du mythe de Jason, héros enrôlant les héros, ou pour les effets spéciaux délicieusement surannés qui gardent encore ...

Jason faisait partie de ces films vus dans une jeunesse déjà un brin lointaine, tant adulés en leur temps mais parfois aussi un peu oubliés. Un revisionnage dans son entier s'imposait, au delà des multiples séquences mythiques regardées ici ou là avec la plus goulue des ...

Dans cette époque de trucages froids et insipides, il est bon de se replonger dans les vieux films pour savourer le travail de véritables artistes des effets spéciaux. La contribution de Ray Harryhausen à l'histoire cinématographique est monumentale. Pendant 40 ans, il va ...