LE CAVE SE REBIFFE en VOD
- De
- 1961
- 94 mn
- Comédie
- France | Italie
- Tous publics
- VF - HD
PARCE QUE
Albert Simonin n’est pas seulement le père du roman de truands à la française, il est aussi un grand inspirateur du cinéma. Sa trilogie Max le menteur a été adaptée sur grand écran entre 1954 et 1963, donnant lieu à trois films devenus aujourd’hui des classiques. Et si Le cave se rebiffe reste aujourd’hui moins culte que les deux autres, Touchez pas au grisbi et surtout Les tontons flingueurs, il n’en reste pas moins un long-métrage savoureux aux dialogues ciselés et au rythme trépidant. Abandonnant le sérieux du roman de départ, les scénaristes (Albert Simonin a participé à la co-écriture avec le dialoguiste Michel Audiard et le réalisateur Gilles Grangier) dévalent la colline de la comédie avec enthousiasme.
Dans ce volet, trois petits mafieux montent une affaire de fausse monnaie avec l’aide du « Dabe », bandit bien connu du milieu mais rangé des voitures, qui accepte de retrouver le circuit et la France après un exil à Caracas. Ils font également appel à un « cave », un naïf donc, mais qui se trouve être un graveur hors pair, le seul capable de reproduire à l’identique quantité de billets. Le titre du film laisse peu de suspense quant à l’issue de l’entreprise mais l’intérêt se situe évidemment dans ce qu’il se passe entre les deux, tandis que se déploie une galerie de personnages truculents.
Il y a d’abord la mise en scène de Gilles Grangier, qui certes n’a pas la flamboyance de celle de Georges Lautner, mais reste précise et ingénieuse, notamment dans une séquence où il lui faut figurer le temps qui passe et le fait que tous les protagonistes ont les yeux rivés sur l’heure. Il y a ensuite les dialogues de Michel Audiard, bijoux d’orfèvrerie, si riches et si référencés qu’on a parfois du mal à résister à l’envie de les repasser plusieurs fois pour en saisir toutes les subtilités. Il y a enfin ces acteurs, qui se connaissent autant qu’ils maîtrisent la langue du dialoguiste, et s’en emparent avec une aisance déconcertante pour en garder le meilleur. Citons bien sûr Jean Gabin – qui obligea la production à reproduire Caracas dans la Normandie qu’il refusait de quitter – comme un poisson dans l’eau, et Bernard Blier plus drôle que jamais dans le costume de mec bavard et gluant qui lui sied bien. Mais Le cave se rebiffe est aussi un grand film de seconds rôles, de Maurice Biraud, vu aussi dans Un taxi pour Tobrouk, à Franck Villard, que les yeux avertis reconnaîtront peut-être dans la version longue d’Apocalypse Now.