JESSICA FOREVER

en VOD

Je vous mets au défi à l’issue du film qui va suivre de me dire si vous avez vu un conte, un exercice de style fantastique ou une fable sociétale tragique. En fait, « Jessica forever » peut très bien rentrer dans chacune de ces cases. Pour leur premier long métrage ensemble, Caroline Poggi et Jonathan Vinel proposent un spectacle inédit.

L’histoire d’une héroine insaisissable et indéfinissable qui recueille des orphelins livrés à eux-mêmes et recherchés par les autorités. A ses côtés, ces garçons perdus vont trouver un but, une raison de continuer à vivre, même si c’est la colère et l’envie de prendre une revanche qui va désormais les animer…

Alors attention : n’attendez pas de ce film un empilement de scènes d’action et des effets spéciaux à couper le souffle. Non, « Jessica forever » va puiser sa force ailleurs : il s’agit ici d’installer une ambiance, un moment de temps suspendu, rythmé par des séquences quasi oniriques, dans de superbes paysages de Corse ou d’Occitanie, le tout incarné par des acteurs pour la plupart inconnus…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver THE PRODIGIES (Des enfants ou des adolescents à la marge, rejetés par le monde alentour, vont se créer leur propre clan...) ou encore RESIDENT EVIL (Ces deux films reposent sur une même imagerie héritée ou directement inspirée par le jeu vidéo, basés sur des personnages d'héroïne forte et solitaire...).

Si « Jessica forever » ne ressemble à rien de ce que l’on peut habituellement croiser dans les allées du cinéma français, son esthétique et sa philosophie s’apparent en revanche clairement à l’univers des jeux vidéo. Le duo Poggi-Vinel revendique et assume totalement cette inspiration et notamment celle de la saga « Metal Gear Solid » dont l’héroine Quiet a directement nourri le personnage de Jessica… Une femme forte, sorte de reine administrant un royaume fictif, peuplé d’hommes à la fois perdus et dévoués. Bref, un être au caractère bien trempé…

D’autres égéries virtuelles et numériques ont, elles aussi, eu droit aux honneurs d’une adaptation sur grand écran. Dans ce domaine, impossible de ne pas penser à Lara Croft, archéologue intrépide et séduisante, apparue pour la première fois en 1996 dans le jeu « Tomb raider ». Civilisations anciennes, villes oubliées, objets sacrés et maudits : rien ne résiste à l’aventurière dont les tenues sexy ajoutent un ingrédient inédit au cœur d’un univers principalement réservé aux garçons scotchés derrière leurs consoles ! Très vite, le cinéma va s’emparer du phénomène : « Lara Croft – Tomb raider » sort en 2001 avec Angelina Jolie dans le rôle-titre, plongée dans le monde obscur des Illuminati. Le film connait un gros succès au box-office, donnant bien entendu naissance à une suite « Le berceau de la vie », dans laquelle l’héroïne sans peur se confronte à la redoutable boîte de Pandore et à des mafieux chinois ! L’accueil public et critique sera beaucoup plus tiède et il faudra attendre 2018 pour qu’Alicia Vikander redonne vie à Lara Croft, sans vraiment soulever de passion…

Entretemps, d’autres femmes intrépides ont il est vrai envahi nos écrans. Entre 2002 et 2016, la saga « Resident evil » a par exemple permis à Milla Jovovitch de donner vie à un personnage amnésique devant affronter un terrible virus transformant l’humanité en hordes de zombies…  

Autant le signaler immédiatement : Jessica Forever est certes alimenté d’un puissant (et parfois même irritant, si l’on ne prend pas de recul) cynisme, mais un cynisme conscient d’être, justement, cynique. Une œuvre désengagée et amorale dont le seul engagement réside ...

Jessica Forever est une expérience sensorielle, si le texte et l'histoire du film présente un intérêt limité, le travail visuelle et sonore y est remarquable. Le film se présente au premier abord comme une dystopie classique. Dans un monde futuriste, les orphelins sont ...

Jessica Forever est décrié précisément pour ce qu’il incarne : la possibilité d’un autre cinéma, en tout cas d’une autre façon d’envisager le Septième art. C’est en ce sens qu’il est un film remarquable : il se focalise sur le cinéma en tant qu’art, en tant ...