L'ASCENSION

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Le film que vous allez découvrir est une rareté. D’abord parce qu’il nous vient de l’Union Soviétique des années 70/80, époque (sur)gelée de la guerre froide. Ensuite parce qu’il est réalisé par une femme, Larissa Chepitko et qu’elles ne sont pas légion à l’Est non plus. Enfin la thématique de « L’ascension » elle-même dénote : nous voici en 1942, quelque part en Biélorussie.

Deux soldats soviétiques vont être faits prisonniers par les Allemands et réagir de manière totalement différente face à cette épreuve... Si Sotnikov accepte l’inévitable et affronte paisiblement l’idée de sa mort, Rybak lui ne peut s’y résoudre, quitte à collaborer avec l’ennemi...

Récompensé par un Ours d’Or au festival de Berlin en 1977, le film frappe aujourd’hui encore par sa puissance visuelle et narrative, renforcée par un noir et blanc magnifique et légitime. Référence assumée aux grands maîtres de la culture russe (Dostoievski en premier lieu) « L’ascension » aborde la thématique du Bien et du Mal, de l’engagement et de la résignation.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA GRANDE ILLUSION (Prisonniers et geôliers : c'est parfois une étrange relation qui se noue lors des périodes de combat. 1ère ou 2de guerre mondiale, en voici deux illustrations...) ou encore OFFICIERS (Quand le cinéma russe se penche sur les dégâts du conflit sur les hommes de son Armée rouge : blessures physiques ou psychologiques, le sujet est vaste...).

Revoir « L’ascension » aujourd’hui, c’est comprendre combien cette œuvre-là, à l’époque, était aux antipodes de la ligne du parti communiste alors au pouvoir à Moscou... Précisons d’ailleurs que Larissa Chepitko, la réalisatrice, eut quelques soucis avec la censure soviétique, surprise au final de ne découvrir qu’une vague scène de bataille alors qu’on lui avait « vendu » un film de guerre ! Pire, la cinéaste expose frontalement l’idée que l’Armée rouge ait pu pactiser avec l’envahisseur nazi... Résultat : un niet cinglant empêchant la sortie du film en 1977 sur les écrans en URSS, avant qu’une intervention d’un responsable du Parti ne fasse bouger les lignes. « L’ascension » (célébré dans le monde entier) finira même par être un beau succès auprès du public russe...

Cette bataille épouvantable et dantesque à l’Est de l’Europe durant la seconde guerre mondiale a de nombreuses fois inspiré le cinéma, sans parler évidemment des films de propagande  sur lesquels vous me permettrez de faire l’impasse ! Citons tout d’abord « Stalingrad » de Jean-Jacques Annaud qui retrace l’histoire inspirée de faits réels d’un affrontement à distance entre un tireur d’élite de l’armée russe et un as de la gâchette allemand. Jude Law et Ed Harris portent cette fresque à grand spectacle où l’intime trouve également sa voie...

Dans « Quand passent les cigognes » de Mikhail Kalatozov en 1958, c’est une jeune femme attendant le retour de son fiancé parti pour le front qui va prendre conscience des horreurs du conflit en se mettant au services des blessés rapatriés des combats. Là encore, cette œuvre profondément antimilitariste dans sa philosophie a pu passer pour une glorification du dévouement du peuple russe envers ses martyrs militaires... Citons enfin « The bomber », film ukrainien (c’est important...) de Vitaly Vorobyov racontant comment un pilote de bombardier russe abattu par les Allemands va se voir, une fois miraculeusement revenu des lignes ennemies, condamné à mort, accusé de sabotage, de désertion et donc de trahison !

Larisa Shepitko était la femme d'Elem Klimov et je ne cacherais pas que c'est l'unique raison pour laquelle j'ai regardé l'Ascension. Alors que dire sinon que la compagne de celui qui a réalisé un de mes films préférés (Requiem pour un massacre) partageait avec lui son immense ...

Primé à Berlin en 1977, L’Ascension, ultime film de la cinéaste soviétique Larissa Shepitko, fait partie des chefs d’œuvre du cinéma de l’URSS qui sont à redécouvrir de nos jours. Par la force de sa mise en scène, Larissa Shepitko transforme un film de guerre en ...

L'Ascension raconte l'errance de deux soldats russes en territoire occupé par les Allemands. Larissa Shepitko n'a pas réalisé un film de guerre à proprement parler, mais a capté la personnalité et le destin d'une poignée d'individus pour illustrer quelques grands mystères ...