LA FAMILLE TENENBAUM

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Débutons, si vous le permettez, par une anecdote. Vous vous souvenez sûrement du faucon de La Famille Tenenbaum. Que lui est-il arrivé sur le tournage du film ? Le faucon original a été kidnappé et retenu contre une rançon. Cependant, au lieu de traquer les coupables, l'équipe de production a plutôt choisi d'utiliser un deuxième faucon pour représenter l'animal de compagnie. L’oiseau qui a été amené pour remplacer celui retenu en otage avait plus de plumes blanches que le faucon précédent, ce qui justifie les interrogations de Luke Wilson dans le film. « Vous voyez, maintenant il a plus de plumes blanches sur le cou », remarque Wilson, avant que Margot de Gwyneth Paltrow ne réponde : « Je me demande ce qui lui est arrivé ».

Une histoire marrante ou triste, selon le point de vue, mais qui est le reflet, aussi, de l'œuvre de Wes Anderson, faite de tragédies comiques (à moins que ce ne soit l’inverse). On y rit, on y pleure, on ne sait pas toujours sur quel pied danser, et La Famille Tenenbaum ne déroge pas à cette règle. En effet, le troisième long-métrage du réalisateur suit la vie des trois enfants Tenenbaum, qui ont tous connu un grand succès dans leur jeunesse avant de subir des déceptions et des échecs à l'âge adulte. Joies et tristesses, espoirs et déceptions.

La famille, c’est aussi celle que choisit Wes Anderson. Ainsi, on retrouve devant et derrière la caméra bon nombre d’habitués : Luke Wilson, frère d’Owen, véritable compagnon des débuts. Mais c’est aussi la deuxième collaboration d'Anderson avec l'acteur Bill Murray, qui apparaît dans tous les films du réalisateur à l'exception du premier. De même, la musique originale est composée par Mark Mothersbaugh, fondateur des influents Devo, et qui est à l'œuvre sur Bottle Rocket, Rushmore, La Famille Tenenbaum donc, et La Vie aquatique.

Enfin, le cinéma de Wes Anderson (et La Famille Tenenbaum ne fait pas exception) est aussi un cinéma… de cinéma. Petit exemple : dans Darjeeling Limited, les prénoms des personnages, Francis, Jack et Peter, ont été empruntés à trois personnes que Wes Anderson admire particulièrement. Francis, Jack et Peter portent les noms de Francis Ford Coppola, Jack Nicholson et Peter Bogdanovich. Ici, il est permis de penser en partie à La Splendeur des Amberson (1942). Les deux films parlent de la gloire passée d'une famille, et il y a des similitudes entre les deux maisons.

Chez n'importe quel autre réalisateur, cette famille Tenenbaum aurait pu être bien terne, enlisée dans des problèmes vus et revus, pour en sortir un produite indigeste qui durant presque deux heures n'aurait rien fait d'autre que d'évacuer de complaisantes banalités. Vous ...

On pourrait considérer La famille Tenenbaum comme une expansion au cube de ce que fut le point de départ de Rushmore : Max Fisher, génie incompris et inadapté, est désormais ici une fratrie de trois frères et sœurs, dramaturge, champion de tennis et inventeur, laminés par ...

Ca y'est! En matière de Wes j'ai subi mon dépucelage. C'est à dire que plus rien ne sera comme avant j'imagine. Maintenant chaque fois que je verrais un de ses films, celui ci sera mon point de repère. L'origine de mon abscisse et de mon ordonnée. Comment faire ressentir ...