LA POURSUITE IMPITOYABLE

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En 1966, sort aux Etats-Unis la Poursuite impitoyable, le nouveau film d’Arthur Penn (43 ans), l’adaptation cinématographique d’une pièce créée à Broadway en 1952, avec John Hodiak et Kim Hunter, dans une mise en scène de José Ferrer. Ecrite par le dramaturge et scénariste Horton Foote, à qui l’on doit, entre autre, le script de Du silence et des ombres de Robert Mulligan, la pièce, comme le film, raconte la folie d’une petite ville texane s’embrasant – au sens propre comme au sens figuré – après l’évasion de deux prisonniers.
C’est le grand producteur Sam Spiegel qui en acheta les droits, dès le milieu des années 1950, afin d’offrir le rôle du jeune fils de famille, amoureux de la femme du fuyard, à Marlon Brando qui venait d’obtenir son premier Oscar, grâce à Sur les quais d’Elia Kazan, produit par Spiegel, lui-même. Mais, le projet ayant mis presque 10 ans à se concrétiser, ce rôle fut attribué finalement à James Fox (26 ans) – la victime, trois ans plus tôt, du pervers Dirk Bogarde dans The Servant de Joseph Losey –, Brando, à 40 ans, héritant du rôle du sheriff.
A ses côtés, dans le rôle de Charlie, le prisonnier en cavale, Spiegel engage un habitué des planches et du petit écran, découvert au cinéma, l’année précédente, en mari homosexuel de la jeune Natalie Wood dans Daisy Clover de Robert Mulligan, un certain Robert Redford et, dans le rôle de son épouse infidèle, Jane Fonda, récemment vue dans la Ronde, le film d’un jeune français nommé Roger Vadim, qu’elle devait épouser, entre le tournage de la Poursuite impitoyable et sa sortie américaine. Enfin, à 35 ans, Robert Duvall, vu au théâtre et à al télévision, faisait, ici, sa quatrième apparition au cinéma, dans le rôle d’Edwin Stewart, l’un de ceux qui craignent le retour de Charlie...

 
Dans le même genre vous pouvez trouver FURIE (1936) (Ici aussi, un faux coupable (Spencer Tracy) et un sheriff (Edward Ellis) se retrouvent face à l’hystérie d’une petite ville américaine au bord de la décadence.) ou encore SCARFACE (1983) (Violence et décadence sont, ici aussi, au rendez-vous.).

Avant la Poursuite impitoyable – le film qui marque les débuts à Hollywood du musicien britannique John Barry –, Arthur Penn avait déjà réalisé quatre films et demi. En effet, un an auparavant, pour cause de mésentente avec Burt Lancaster, il avait dû abandonner le tournage du Train, que reprit (en marche) John Frankenheimer. Après la Poursuite impitoyable il tournera Bonnie and Clyde, avec Warren Beatty, qu’il avait dirigé dans une allégorie du maccartisme, Mickey One, deux ans plus tôt, et Faye Dunaway, une presque débutante, exclue de la Poursuite impitoyable par un responsable de casting ne la trouvant pas assez belle pour faire du cinéma !
Comme elle, mais sans doute pour d’autres raisons, Steve McQueen, initialement choisi pour incarner le faux coupable en fuite, fut finalement remplacé par Robert Redford, quant à Peter O’Toole, pourtant sous contrat avec Sam Spiegel depuis Lawrence d’Arabie, il refusa le rôle de Jack, finalement attribué à James Fox. Enfin, à l’origine du projet, au milieu des années 1950, à l’époque où le jeune Brando devait, justement, jouer le rôle de Jack, c’est à Marilyn Monroe qu’avait pensé Spiegel pour le rôle d’Anna. Lorsque le film fut, finalement, tourné, au printemps 1965, Marilyn était morte depuis trois ans et c’est Jane Fonda qui reprit le rôle.
Habitué aux budgets de moindre importance et aux productions indépendantes, Arthur Penn découvrait, ici, les joies de la superproduction soumise aux lois d’une Major, la Columbia. Dans les Cahiers du cinéma de décembre 1967, il avouait que l’équipe technique, aussi talentueuse que pléthorique, qui l’entourait avait rendu le tournage épuisant. « Si vous avez une idée, expliquait-il, elle se trouve immédiatement filtrée comme la fumée par le filtre d’une cigarette. [...] Ce qui ressort finalement [...] ce n’est pas votre idée, mais l’archétype de l’idée hollywoodienne, le lieu commun, le banal. Si vous voulez éviter cela, il faut sans cesse dire non à vos collaborateurs [... et] tout surveiller [...]. Très vite, vous n’avez plus assez d’intérêt, ni surtout d’énergie pour pouvoir faire tout vous-même et voilà pourquoi, concluait-il, la Poursuite impitoyable est devenu un film de Hollywood plus qu’un film d’Arthur Penn. »
Comme le cinéaste, Marlon Brando reniera cette production dans laquelle, cependant, il avait entraîné sa sœur, Jocelyn Brando, que l’on découvre dans le rôle de Mrs. Briggs, la femme du philosophe local et relativement lâche. Sachez aussi que la photo de Jane Fonda enfant, n’est autre, en fait, que la photo d’Amy Fonda, sa demi-sœur adoptive, de 16 ans sa cadette.

Mais, contrairement à ses homonymes franchouillards (et-tirés-par les-cheveux-de-ma-part-et-de-manière-un-poil-grossière), lui est un grand humaniste, et on sort d'un film d'Arthur (donc) regonflé par un souffle vivifiant, qu'elle qu'aient été l'intensité et la tension ...

On s'essouffle à pointer les qualités évidentes des films, on s'obstine à sortir les scalpels, souvent en vain. Comment capturer l'essence de ce qui bouleverse vraiment ? Comment emprisonner un sentiment ? Je ne sais pas... Et c'est sans doute pour ça qu'on est minuscule, ...

The Chase commence comme bon nombre de films, sans nous préparer à son véritable sujet. Film d’évasion, il suit dans un premier temps le périple de Bubber Reeves, incarné par un Robert Redford qu’on attend comme la star de l’intrigue, accusé à tort d’un tort d’un ...