LA VENGEANCE D'UN ACTEUR

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La vengeance est un plat qui se mange très froid parfois. Le héros de cette réalisation de Kon Ichikawa en sait quelque chose, lui qui va attendre de longues années avant de mettre à exécution une résolution prise dans son enfance. Devenu un fameux acteur de kabuki, il retrouve les trois hommes qui ont acculé ses parents à la ruine et au suicide et va enfin pouvoir les punir.

D’abord publié en feuilleton dans la presse japonaise, La Vengeance d’un acteur est ensuite devenu une trilogie à succès au cinéma en 1935. Cette histoire aux multiples rebondissements dramatiques, rythmée par des combats au sabre était déjà interprétée par Kazuo Hasegawa qui reprend le rôle principal dans ce remake de 1963.

Kon Ichikawa, lauréat du Prix spécial du jury à Cannes pour L’Etrange obsession en 1960, choisit ici de tourner en CinémaScope et en couleurs et aborde cette histoire de vengeance implacable, doublée d’un hommage au théâtre, par le biais d’une mise en scène très élaborée. La composition de chaque plan et le travail des éclairages y rappellent sans cesse que le cinéaste était passionné de peinture.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LA RANCUNE (Là aussi la vengeance est un plat qui se mange froid : des années après avoir été abandonnée par son amant une femme revient lui faire payer l'humiliation qu'il lui a fait subir.) ou encore LA VENGEANCE D'UN ACTEUR (En 1935, Teinosuke Kinugasa avait signé cette première version sous forme d'une trilogie.).

Le réalisateur Kon Ichikawa acquiert une réputation internationale dans les années 1950. Sa Harpe de Birmanie est en sélection pour l’Oscar du meilleur film étranger en 1957 et l’année suivante Il adapte Le Pavillon d’or de Mishima. Implacable dénonciation des horreurs de la guerre, son Feux dans la plaine décroche le Léopard d’or à Locarno en 1961. Mais, devant l’insuccès de certains de ses films suivants, le studio Daiei lui confie La Vengeance d’un acteur pensant que ce remake d’un mélodrame populaire des années 30 séduira le public. Sans trahir l’intrigue, Ichikawa décide de revisiter le modèle en optant pour une approche stylisée et une esthétique raffinée.

Alors que le studio espère des scènes de combat spectaculaires, le metteur en scène filme les affrontements de nuit préférant souligner les effets plastiques des lames brillant dans l’obscurité. Grâce au format Scope, Ichikawa restitue la juste envergure des représentations théâtrales et magnifie les décors, tout en organisant savamment son cadre pour les scènes de plus grande proximité avec les personnages. Le cinéaste entend clairement donner un coup de jeune à cette Vengeance et la bande originale crée aussi la surprise : tantôt elle s’inspire du répertoire traditionnel, comme le veut le film en costumes classique, tantôt elle prend des tonalités franchement jazz.

Kazuo Hasegawa, qui tient ici le double rôle de l’acteur Yukinojō et du voleur au grand coeur Yamitaro, était déjà la vedette de la version signée par Teinosuke Kinugasa en 1935. Alors âgé de 27 ans, il y incarnait en plus un troisième personnage, celui de la mère du héros. Formé très tôt au kabuki, il débute au cinéma dans les années 1920 sous le pseudonyme de Chojiro Hayashi et devient vite une star. Il reprend son nom de Kazuo Hasegawa à la fin des années 1930. La Vengeance d’un acteur est son trois-centième film. Il s’éloigne peu après des studios pour se consacrer au théâtre. Hasegawa est le premier acteur à avoir reçu le prestigieux Prix d’honneur de la nation des mains du Premier ministre japonais.

Découvert tardivement à ma grande honte, Kon Ichikawa m'avait fait très forte impression avec "Feux dans la plaine" que je considère à très juste titre comme un chef-d'oeuvre bouleversant, nihiliste et par extension choquant. Le genre de film qui marque et qui fout un gros ...

La première demi-heure fut un véritable traumatisme visuel avec un jeu incroyable du scope et du noir pour créer autant de vignettes qui viennent recadrer l'image pour en faire véritable tableau. Le suite s'assagit un peu mais réserve des moments d'extase formelle assez incroyable. ...

Jouer la comédie, c’est feindre et enfreindre, simuler et dissimuler. Kon Ichikawa, comme son personnage-phare, Yukinojo, en exploitent toutes les composantes : dans La Vengeance d’un acteur, tous deux façonnent touche par touche, avec apparat, leur propre réalité. Le cinéaste ...