LE MAUVAIS CHEMIN

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Parce que la rencontre de Jean-Paul Belmondo et Claudia Cardinale était marquée du sceau de l'évidence. Chacun au début de leur carrière, les deux comédiens irradient l'écran de leur beauté incandescente. Dans la foulée de sa révélation, un an plus tôt, dans La Fille à la valise de Valerio Zurlini, Cardinale confirme son talent pour le drame, ses grands yeux cerclés de noir imprimant une gravité hypnotique à son visage cristallin. De son côté, Belmondo surprend dans une prestation toute en silence et en immobilité, aux antipodes de son explosivité habituelle, qui rend plus poignant encore le destin tragique de son personnage.

Parce que, dans l'ombre d'un Luchino Visconti, Mauro Bolognini incarne l'autre grande figure de réalisateur esthète du cinéma italien des années 60. Le Mauvais chemin lui donne l'occasion de recréer un monde disparu, celui de la Florence de la fin du XIXe siècle, avec une économie de moyens inversement proportionnelle à celle du réalisateur du Guépard, mais pas moins évocatrice. Le noir et blanc charbonneux permet la sublimation de décors minimalistes, des pavés de la capitale toscane aux intérieurs étouffants du bordel florentin dans lequel va se perdre le jeune et désabusé Amerigo, ensorcelé par la beauté indomptable de Bianca.

Parce que, en filmant les inégalités de classes entre petits paysans et propriétaires terriens dans l'Italie du XIXe siècle, Mauro Bolognini laisse s'exprimer sa fibre sociale de militant communiste, et livre un grand film politique camouflé sous les ors du mélodrame. Rien d'étonnant pour celui qui travailla de nombreuses fois avec son contemporain Pier Paolo Pasolini.

Parce queLe Mauvais chemin fait partie des perles méconnues de la première partie de carrière de Jean-Paul Belmondo, quand le comédien cherchait la compagnie des plus grands réalisateurs, de Jean-Pierre Melville à Jean-Luc Godard, en passant par Claude Sautet ou Philippe de Broca.

Un très bon Bolognini, belle rencontre entre Belmondo & Cardinale, et un film qui dans l'esprit m'a parfois rappelé Rocco & ses frères. C'est un film de frontières, entre le bon et le mauvais chemin, entre la persistance et le renoncement, entre l'amour et la fuite, entre le ...

Certains retiendront de La Viaccia la sulfureuse histoire d'amour entre notre Bebel national (incarnant Amerigo, jeune campagnard fuyant sa famille, ses racines et les valeurs locales) et Claudia Cardinale (putain intensément ravissante pour qui l'on vendrait son âme au diable ...

Je ne connais pas bien Mauro Bolognini mais cette plongée dans l'Italie de la fin du 19ème siècle donne sérieusement envie de découvrir un peu plus en détails sa filmographie. Même si le mélodrame n'est jamais très loin, c'est principalement le contexte social qui entoure ...