LE TRAIN DE 16H50

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En 1961, une trentaine d’années après la première adaptation cinématographique d’un roman d’Agatha Christie, le cinéaste britannique George Pollock réalise le Train de 16h50, tiré d’une aventure homonyme – quoiqu’un peu différente – de Miss Marple, parue à Londres en 1957 et à Paris l’année suivante.

Alors qu’Agatha Christie décrivait Miss Jane Marple comme une créature « âgée [et] frêle d’aspect », Pollock va engager, pour cette adaptation et les trois qui suivront, la robuste et septuagénaire Margaret Rutherford. « Les Anglais raffolent de cette aimable grosse dame qui est l’image même de la laideur sympathique », écrivait à son propos le critique français Pierre Marcabru.

Face à elle, dans le rôle du Docteur Quimper, vous reconnaîtrez Arthur Kennedy, qui venait d’être nommé (pour la 5e fois) à l’Oscar du meilleur second rôle pour Comme un torrent de Vincente Minnelli. Un an plus tard, il jouera le rôle du journaliste ayant bien connu Lawrence d’Arabie dans le fameux film de David Lean. Réglez vos montres ! Ne ratez pas le Train de 16h50, avec, dès le générique, la joyeuse musique jazzy de l’éclectique Ron Goodwin.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MEURTRE AU GALOP (1963) (Autre enquête de Miss Marple, toujours incarnée par Margaret Rutherford.) ou encore LE CRIME EST NOTRE AFFAIRE (2008) (Reprenant l’intrigue du Train de 16h50, Pascal Thomas confie cette fois l’enquête au couple Beresford, alias Catherine Frot et André Dussollier.).

Dans le roman d’Agatha Christie, à la différence du film que vous venez de voir, ce n’est pas Miss Marple qui est témoin du crime et ce n’est pas elle, non plus, qui se fait engager comme domestique pour mener à bien son enquête. En fait, c’est l’une de ses amies qui, dès le premier chapitre, se précipite chez elle pour lui raconter ce qu’elle a vu et c’est à une gouvernante, ex-brillante élève d’Oxford qui, deux ans plus tôt, l’avait aidé à se relever d’une méchante pneumonie, qu’elle propose de se faire embaucher, non pas à « Ackenthorpe Hall », comme dans le film, mais à « Rutherford Hall ». En effet, bien avant de savoir que la comédienne Margaret Rutherford incarnerait sa fameuse héroïne, Agatha Christie avait curieusement donné son nom au domaine servant de cadre à son récit.

De même n’apparaît pas dans le roman original le bibliothécaire, ami de Miss Marple, incarné à l’écran par le comédien Stringer Davis, qui n’était autre que le mari de Margaret Rutherford depuis 1945. Petit clin d’œil, les scénaristes baptisèrent ce nouveau personnage : Mr. Stringer ! Malgré les réserves qu’elle fit en privée au sujet de Margaret Rutherford, qui ne lui semblait pas être l’interprète idéale, Agatha Christie lui dédia tout de même le Miroir se brisa, la huitième enquête de Miss Marple parue quelques mois après la sortie du film. Professeur d’art dramatique puis actrice de théâtre dès le début des années 1920, Margaret Rutherford, née en 1892, avait fait ses premiers pas au cinéma en 1936 dans une série de films policiers, dont le moins oublié est peut-être l’Homme aux cent voix, le quatrième long métrage de Carol Reed.

Outre ses trois autres appariations en Miss Marple, on la retrouvera dans l’Esprit s’amuse de David Lean, dans Passeport pour Pimlico d’Henry Cornelius ainsi que dans Hôtel International d’Anthony Asquith qui lui valut notamment l’Oscar du meilleur second rôle féminin, rôle qu’elle avait d’abord refusé, ne trouvant pas assez drôle ce personnage de duchesse anglaise ruinée, obligée d’aller chercher du travail en Amérique. C’est Charlie Chaplin qui, avec la Comtesse de Hong Kong en 1967, lui offrit l’un de ses derniers rôles au cinéma, alors que la reine Elisabeth II la nommait commandeur de l’Empire britannique. Enfin, sachez que la comédienne Joan Hickson, que vous venez de voir dans le rôle de la domestique Mrs. Kidder, deviendra célèbre une vingtaine d’années plus tard, à l’âge de 78 ans, en tenant le rôle titre de la série télévisée britannique : Miss Marple ! 

Un peu comme tout le monde, j'ai dans mes premières années de lecture tâté d'Agatha Christie. J'en ai lu deux et j'ai laissé tomber. Je me rappelle ma déception, mais je ne pouvais pas encore formuler exactement sa cause. Sans me replonger dans ses écrits, je pense avoir ...