LES GARÇONS SAUVAGES

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Les garçons sauvages est le premier long-métrage de Bertrand Mandico. Le titre du film vient de celui d’un roman de William S. Burroughs.  Bertrand Mandico a été inspiré par le quatrième de couverture de ce roman. L’éditeur y promet que des « adolescents guérilleros, rompus à toutes les armes du sexe et de la drogue, vont dévaster la terre ». Ce texte a tellement fait rêver Mandico que cela lui a donné envie de broder dessus en créant ses propres enfants sauvages. Le réalisateur déclare avoir conçu un film tel qu’il aurait aimé le voir comme spectateur en mêlant aventure, érotisme et fantastique.

Ce poème filmé surprend par son côté surréaliste mais il est un prolongement des courts-métrages de Bertrand Mandico. Ce dernier, diplômé de l’école des Gobelins, fait ses premières armes dans l’animation avec le court-métrage Le cavalier bleu. Ses autres œuvres sont ensuite en prises de vue réelles comme Boro in the Box qui fut présenté à la Quinzaine des Réalisateurs et évoque l’univers du réalisateur Walerian Borowczyk. Mandico est un artiste complet qui mêle différents moyens d’expression (peinture, photo, dessins) pour créer une œuvre très personnelle.

L’actrice Elina Löwensohn, que l’on voit dans Les garçons sauvages est l’une des fidèles comédiennes de Bertrand Mandico. Il a pour objectif de faire avec elle : 21 films en 21 ans, une réflexion sur le travail de la comédienne et la fiction. Le réalisateur a composé le rôle de la jeune femme en lui demandant de s’inspirer de L’île du docteur Moreau, roman d’H.G. Wells et des compositions de Klaus Kinski dans Aguirre, la colère de Dieu et Fitzcarraldo de Werner Herzog. C’est Elina Löwensohn qui chante aussi Wild Girl, la chanson du générique de fin du film. Le frère de l’actrice, Ekko Löwensohn, a composé ce morceau dont Pierre Desprats a effectué les arrangements et sur lequel Bertrand Mandico a ajouté des paroles.

 
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Bertrand Mandico a tout de suite pensé à confier les rôles de ses garçons sauvages à des actrices. Il a mis longtemps à les réunir car il souhaitait que l’interaction entre elles soit parfaite comme si elles faisaient partie d’un groupe de rock. Il leur a demandé de rester dans un entre-deux, entre féminin et masculin. Parmi elles, Vimala Pons qu’on a vue chez Alain Resnais, Paul Verhoeven, Bruno Podalydès et Philippe Garrel est la plus connue. Le réalisateur a voulu jouer sur une théorie du XIXe siècle selon laquelle le monde serait plus doux s’il se féminisait.

Pour l’image de son film, Bertrand Mandico a tenu au noir et blanc dans lequel surgit des explosions de couleurs. Il souhaitait ainsi donner une cohérence esthétique entre les plans tournés sur l’île de la Réunion et ceux qu’il a fait en studio. Il a pensé aux films de Koji Wakamatsu qui faisait survenir la couleur dans ses réalisations afin de surprendre le spectateur. Le son est également capital dans ce film où tout a été retravaillé en postsynchronisation. Bertrand Mandico a effectué son montage quasiment sans son en se repérant avec des sous-titres. Il a retravaillé ensuite avec ses comédiennes. Il a changé la hauteur de voix des actrices au mixage afin de leur donner une tonalité plus masculine. Elles ne retrouvent leur timbre original qu’à la fin.

Pour le réalisateur, un film sans musique serait « comme des yeux sans larmes ». Pierre Desprats a composé la musique originale du film qui a été commercialisée en disque vinyle collector. Bertrand Mandico lui avait donné ce qui appelle un « collier de références » afin de l’aider à trouver son inspiration. Le cinéaste a aussi ajouté des airs préexistants venant de sources aussi différentes que Nina Hagen, Cluster, Offenbach ou des créations inédites du groupe Scorpion Violente ou de la chanteuse islandaise Hekla Magnusdottir. « Le fluide musical traverse, de part et d’autre, mon récit. La musique est comme un lierre s’entortillant à la bande-son, embrassant et mordant les images », insiste le réalisateur.

Et si, pour innover, il fallait revenir aux origines ? Pour briser la gangue d’un cinéma qui croit depuis trop longtemps être parvenu à maturité, frayer à contre-courant jusqu’aux sources originelles, et brouiller les pistes ? Les garçons sauvages est un voyage pictural ...

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