LES MEUTES

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Premier film de Kamal Lazraq, Les Meutes prolonge son précédent court-métrage, L’Homme au chien, réalisé en 2014, dans lequel il faisait le récit d’une nuit durant laquelle un homme se retrouve malgré lui confronté à la pègre des combats de chiens clandestins de Casablanca. Les Meutes reprend la même structure, soit une descente aux enfers sur l’espace d’une nuit, ainsi que la même menace, mais filme cette fois un père et son fils pour explorer les liens qui les unissent et les tensions qui les déchirent. 

L’écriture du scénario des Meutes a débuté très tôt, il y a près de 10 ans, lorsque Kamal Lazraq tournait L’Homme mon chien. En sillonnant les zones malfamées de Casablanca, le réalisateur a fait face à des visages burinés, entendu des morceaux de vies terribles où des hommes dans la misère acceptaient d’accomplir des tâches et des méfaits avilissants pour survivre. C’est ce cadre singulier et sombre qui fait office de décor à ce premier long-métrage, loin du mythe de Casablanca la « ville blanche » véhiculé depuis des lustres, et notamment depuis le film américain du même nom réalisé par Michael Curtiz, avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman. 

Les Meutes est à l’opposé de ce classique Hollywoodien. Plutôt qu’un mélodrame historique, le film de Kamal Lazraq est un thriller tendu et poisseux, qui porte un regard sur les bas-fonds d’un Maroc méconnu. Un Maroc violent, corrompu et maudit. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE CAIRE CONFIDENTIEL (Un thriller musclé dans les bas-fonds du Caire) ou encore SORTILÈGE (Fuite en avant d'un criminel au Maghreb).

Devant Les Meutes, on comprend aisément pourquoi il a tapé dans l’œil du jury Un Certain Regard présidé par l’acteur John C. Reilly. Reparti justement avec le Prix du jury, le film de Kamal Lazraq a certainement été récompensé pour son portrait sans fard de la face cachée du Maroc contemporain. Tourné presque comme un documentaire, avec sa caméra portée qui suit l’odyssée ténébreuse de d’Hassan et Issam au plus près de leurs corps, et une gestion de lumière qui vire au clair-obscur, Les Meutes est une œuvre asphyxiante et noire comme l’ébène. 

John C. Reilly ne s’y est pas trompé, lui l’acteur comique qui avait changé de registre en 2018 avec le western crépusculaire de Jacques Audiard, Les Frères Sisters. A bien des égards, Les Meutes lorgne vers le genre culte du cinéma américain : gueules cassées, gnôle épidémique, steppes arides lors d’une virée aux abords de Casablanca et règlement de compte musclé. On aperçoit même un âne le temps d’une scène. Plutôt qu’au cinéma d’Audiard, Les Meutes ressemble davantage aux films de pègre les plus sombres des Frères Coen : Blood Simple, Miller’s Crossing ou No Country For Old Men. On y croise les même personnages haut en couleur consumés par la vie, et ceux qui se retrouvent empêtrés dans une sale histoire après une bavure et qui la trainent comme une malédiction. 

La dimension fantastique et mythologique des Meutes n’est d’ailleurs pas à sous-estimer. A mesure qu’Hassan et Issam s’enfoncent dans la nuit, ils quittent le réel pour faire face à leurs démons et aux esprits malins du Maroc. Lorsqu’ils croisent un âne au milieu d’une route de campagne, ils pensent à un djinn, génie, bon ou mauvais, des mythes musulmans. Cette rencontre leur jette l’œil. Ils enchainent alors bévues sur bévues. Hassan le père est lui-même hanté par les fantômes des deux hommes dont il a causé la mort. Et c’est dans la liturgie coranique et l’hommage aux défunts qu’ils sauvent leurs âmes et peuvent aspirer à un nouveau départ, le père et le fils enfin unis.   

Des dialogues (traduits) à l'image, tout ou presque est réussi dans ce film. Les acteurs professionnels mais aussi et surtout "amateurs" sont excellents. La lumière sombre est un joyaux."Ou presque" parce que j'ai quand même quelques regrets.Le scénario ...

Dans ce film qui reprend les codes du film noir, le réalisateur esquisse aussi le portrait de groupes en marge de la ville et de la société. Avec Les Meutes, Kamal Lazraq opère une immersion totale au cœur des activités clandestines des personnages: d’une station-service ...

Rien n'est lisse dans ce film particulièrement atypique. On assiste à un défilé de véritables "gueules", des acteurs non-professionels qui portent en eux un vécu et une misère peu vus au cinéma.Ça suinte, ça bave, ça à du grain... On est plongés dans ...