C'est donc bien d'un film de vampires qu'il s'agit, mais plus encore, c'est une intéressante photographie du monde de 1983. L'année où la Terre ne s'est mise à parler que d'une seule chose, une maladie nouvelle, universelle, contagieuse et incurable, le SIDA. Dans ce contexte, on comprend mieux les partis pris de Tony Scott, cette fascination pour le sang, associée comme il se doit au sexe et à la mort. D'autant qu'en 1983, on est en pleine explosion de la pub et on constate l'éruption d'un nouveau phénomène dans le paysage audiovisuel, le clip. Ca tombe bien, l'un des réalisateurs vedettes de ces jolis courts films très audacieux sur le plan visuel, et à l'époque souvent très bleus, se nomme Tony Scott.
Les Prédateurs est son premierlong métrage. 3 ans avant Top Gun (ou la consécration de Tom Cruise), 10 ans avant True Romance (où on découvrira un jeune ahuri nommé Brad Pitt). Tony Scott a un frère, prénommé Ridley. C’est le cinéaste et le cinéphile de la famille.
En 83, Ridley est excessivement chaud. En 77, il a réalisé les Duellistes. En 79, il a réalisé le premier Alien et en 82, il a réalisé son chef d'oeuvre, Blade Runner, dont les personnages les plus fameux sont les Répliquants, des êtres parfaits à la durée de vie fort limitée. Ils étaient incarnés par Rutger Hauer et par la très belle Sean Young. Le film a marqué une génération, et même plusieurs, pas étonnant que le petit frangin ait été influencé... allant même jusqu'à recopier la coiffure de Sean Young sur les têtes de Susan Sarandon et Catherine Deneuve.
Et David Bowie dans tout ça ? Eh bien, après des débuts humanoïdes prometteurs dans L'Homme Qui Venait d'Ailleurs, en 76, de Nicholas Roeg, c'est l'époque où sa première carrière d'acteur bat son plein. Entre 83 et 86, après ces Prédateurs, il alternera les coiffures avec des rôles majeurs dans Furyo de Nagisa Oshima, Absolute Beginners de Julien Temple et Labyrinthe de Jim Henson. Le tout ponctué par une apparition de prestige, en Ponce Pilate, dans La Dernière Tentation du Christ de Scorsese.