LES SORCIÈRES D'EASTWICK

en VOD

A intervalles réguliers,  Jack Nicholson se lâche, fait danser ses sourcils et grimace dans des proportions que certains peuvent trouver excessives. La vérité, c’est que ses meilleurs rôles, du moins ses plus divertissants, se trouvent dans Shining, L’honneur des Prizzi, Batman, ou Mars Attacks. Les sorcières d’Eastwick  fait partie du lot, avec ce rôle du diable qui semble avoir été écrit pour lui.  Suave, séduisant et manipulateur, il se matérialise en Nouvelle Angleterre après que trois femmes, une blonde, une brune et  une rousse ont rêvé de l’homme idéal.

Evidemment, l’histoire imaginée par le romancier John Updike dégénère en guerre des sexes que  George Miller, le réalisateur de Mad Max, orchestre comme un conte de fées adulte et sophistiqué. Susan Sarandon, Cher et Michelle Pfeiffer ne sont pas de trop pour contrebalancer le numéro de Jack Nicholson, trop content d’être en si bonne compagnie.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES SORCIÈRES ou encore BIG FISH .

George Miller raconte qu’il a été enchanté par le script des Sorcières d’Eastwick, adapté du roman de John Updike .  Pour lui, c’était une métaphore idéale de la lutte entre les hommes et les femmes, traité avec légèreté et ironie. Hélas pour lui, qui n’avait pas encore l’habitude des studios hollywoodiens, le tournage s’est révélé difficile. Avec le recul, Miller s’en rappelle comme un mélange de ciel et d’enfer. Côté paradis,  il avait un des meilleurs scénarios qu’il ait lus, et un ensemble d’excellents comédiens, même s’il avoue avoir eu du mal avec Cher. Il reprochait à la chanteuse de jouer en solo, à la différence de Jack Nicholson, Susan Sarandon et Michelle Pfeiffer, qui avec leur expérience du théatre, s’accordent naturellement pour mettre en valeur le travail collectif. Côté enfer, Miller a dû affronter les producteurs, notamment Jon Peters, qu’il qualifie de serpent. Lorsque le cinéaste  a fait l’erreur de renoncer à sa caravane dont il ne se servait pas, cette décision a été comprise comme un signe de faiblesse et par la suite, les producteurs lui ont refusé tout ce qu’il demandait, ce qui l’a obligé à devenir à son tour tyrannique et manipulateur. La production a alors tenté de le faire remplacer.  Mais Nicholson s’y est opposé et a soutenu de tout son poids le réalisateur.

A cette époque, les effets spéciaux numériques en étaient à leurs balbutiements, et le match de tennis a coûté plus cher que prévu à réaliser, parce qu’il ne suffisait pas de donner à la balle des mouvements qui échappent aux lois de la nature. Un autre problème est apparu lorsque les actrices se sont révélées peu expertes au tennis. Il est alors devenu nécessaire de corriger aussi leur jeu numériquement, ce qui a gonflé la facture.

Quant à la fameuse scène de tartes aux cerises, elle  avait été tournée à l’origine avec une marionnette capable de régurgiter des quantités effrayantes de substance, mais les projections tests ont montré qu’une majorité de spectateurs se sont dits choqués par l’intensité du résultat, et le montage final n’en donne qu’une version plus mesurée.