MARE

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La Croatie est un pays rare sur nos écrans. Si l’on excepte quelques séries dont Game of Thrones qui a profité de ses paysages magnifiques (et le film Mare y fait référence), c’est n’est pas un pays à proprement parlé au centre de la carte cinéphile. Mare est donc un joyau rare, qui prend le relai de Murina, autre film issu du pays, présenté en 2021 à Cannes et qui narrait les troubles familiaux et sexuels d’une jeune femme.

De sexualité et de trouble, il en est justement question dans Mare, avec son personnage éponyme, magnifiquement est interprété par Marija Škaričić. La quotidien ennuyeux et sclérosé du personnage contraste avec le désir foudroyant qu’elle découvre. La caméra d’Andrea Štaka choisit justement de tourner autour de Mare, de régulièrement reléguer en bord cadre les autres.

Mare s’inscrit dans ce cinéma moderne qui embrasse enfin le regard féminin (female gaze) grâce à des réalisatrices qui parviennent à raconter des histoires comme elles l’entendent. Par exemple, Škaričić continue le paysage dessiné par une Celine Sciamma quant à la question du désir. On échappe aussi à un certain nombre d’archétypes. Prenons le mari, certes homme peu attentif et physique de male bourru, mais qui s’avère malgré tout d’une réelle rondeur et douceur. En un autre temps, il aurait été décrit comme un homme volcanique et négligeant.

L’autre personnage du film, c’est l’aéroport tout proche. Ou plutôt son tarmac où se retrouvent plus ou moins naturellement les personnages. Mare qui rêve d’ailleurs est paradoxalement clouée au sol alors que des avions passent inlassablement au-dessus de sa tête. Son mari, son amant, son fils, tous lorgnent du côté de l’Ailleurs en allant sur le tarmac. Mare n’a droit à ce petit rêve qu’à la toute fin. Elle passe alors les grilles et se retrouve elle aussi, si proche, si loin d’un ailleurs.