MENINA

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Technicienne, comédienne, Cristina Pinheiro a décidé de faire de son premier long-métrage Menina un film en grande partie autobiographique. Originaire du Portugal, première de sa fratrie née en France, la réalisatrice y parle de ce choix forcé que des enfants immigrés croient devoir absolument faire entre leur culture d’origine et celle de leur pays d’accueil afin de mieux s’intégrer, en oubliant que l’existence conjointe des deux est tout à fait possible. Louisa, la fameuse “Menina” (qui signifie demoiselle en portugais), une enfant éveillée et joyeuse a notamment tendance à reprendre ses parents lorsqu’ils s’expriment mal en français, comme pour mieux marquer sa différence. 

Situé dans un temps et un espace à l’opposé de notre époque contemporaine, Menina se déroule à Port-Saint-Louis-du-Rhône en région Provence-Alpes-Côte d'Azur dans les années 70. Un cadre maritime à part qui se rapproche du merveilleux d’un conte, permettant à la réalisatrice de montrer l’isolement de la famille de Louisa tout en collant au plus près des émotions propres à l’âge innocent. Entre une mère accaparée par son travail, un frère par ses amours adolescentes et un père éminemment nostalgique, Louisa, à l’instar de beaucoup d’enfants très matures pour leur âge, comprend plus de choses que ce que sa famille ne veut le croire. Une lucidité admirablement narrée par Cristina Pinheiro. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver Y'AURA T-IL DE LA NEIGE À NOËL? (Parce que cette chronique familiale a été la principale source d'inspiration de Cristina Pinheiro pour réaliser son premier film.) ou encore UN POISON VIOLENT (Parce que le beau premier film de Katell Quillévéré nous raconte également comment une jeune fille se confronte pour la première fois aux souffrances et aux secrets du monde des adultes.).

Évitant le misérabilisme malheureusement propre à beaucoup de drames sociaux au cinéma, Cristina Pinheiro complexifie la thématique du déracinement en l’abordant à sa façon : mal du pays accentué par une affection incurable et refus de parler sa langue d’origine pour Louisa s’entremêlent avec le sentiment général pour sa famille d’une amertume constante qui ne peut effacer le regret d’avoir quitté sa patrie. Aux difficultés du mélange des idiomes s’ajoute la quasi impossibilité de communiquer chez Louisa, qui substitue au secret des derniers jours qui restent à vivre à ce père brutal qu’elle admire tant les battements de son coeur qu’elle croit entendre pour la toute dernière fois. 

Terrifiée à l’idée que son père ne meurre, Louisa se persuade qu’une femme l’enlèvera un jour, telle une sorcière qui causerait du tort à des enfants égarés dans la forêt. Une crainte légitimée par les disputes constantes entre son frère, sa mère et son père, qui ajoutent de la distance entre elle et sa famille, aveugle jusqu’au dernier moment concernant l’état grave du patriarche. Cristina Pinheiro déclare dans une interview que le propre décès de son père l’a placée de but en blanc dans la vie d’adulte. Un état d’esprit qui se retrouve chez Louisa dans son adieu au monde de l’enfance.  

Elle est toujours là, dans tous les plans, toutes les séquences, tous les moments forts, réels ou imaginaires, de ses parents. C'est elle qui nous raconte l'histoire, cette année là, de l'inconnue à côté de ce père qui annonce sa "disparition" et lui laisse, comme témoin, ...

J'ai aimé la grandeur des images, la spontanéité de Naomi, la fragilité du père, la rigueur de la mère, le regard tendre et exigeant de la réalisatrice envers son équipe... Elle parle des portugais immigrés en France sous la dictature de Salazar... - la résonance est ...