PERFORMANCE

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Si la Swinging Londonreste associée à la scène musicale anglaise, il ne faudrait pas oublier l’impact qu’a eu ce mouvement culturel apparu dans la seconde partie des années 60 sur le cinéma. Plusieurs oeuvres novatrices en sont issues, notamment Performance. Le film de Nicolas Roeg et Donald Cammell détourne une histoire simple sur le papier, celle d’un gangster en cavale trouvant refuge dans la maison d’une rock-star recluse pour la faire muer en trip avant-gardiste et ultra-sensoriel. A l’origine, la Warner Bros pensait faire un coup, en produisant avec Performance la réponse des Rolling Stones au Hard day’s night des Beatles. C’était mésestimer Mick Jagger et Donald Cammell qui vont faire glisser le film vers un manifeste surréaliste sous influence d’auteurs comme Artaud ou Borgès ou de la libérté sexuelle en cours. Tourné en 1968, Performance mettra plus de deux ans à sortir en salles, bloqué par ses producteurs, la légende voulant même que l’épouse, très vieux jeu,d’un des pontes de Warner aie été si incommodée en découvrant les scènes de prise de drogue et de sexe du film lors d’une projection-test qu’elle en aurait vomi ou que d’autres responsables du studio, outrés par la crudité des images aient ordonné la destruction du négatif. C’aurait été passer à côté d’un film unique, ahurissant témoignage de la liberté de penser de la fin des sixties, précurseur, dans ses expérimentations de montage comme de narration, de cinéastes actuellement acclamés de Quentin Tarantino à Guy Ritchie, qui n’ont jamais caché classer Performance comme un de leurs films favoris.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver TOMMY ou encore AUSTIN POWERS .

En 1996, Donald Cammellse suicide d’une balle dans la tête. Le rapport de police indique qu’il avait mal positionné son arme et resta conscient pendant une quarantaine de minutes, dans un état de délirium tremens. Son épouse, alors présente, a rapporté que Cammell agonisant lui avait demandé un miroir afin qu’il puisse se voir mourir, ses derniers mots auraient été «Est-ce que tu vois la photo de Borgès ? ». Une référence évidente à une scène de Performance où la caméra suit une balle qui perfore la tête du personnage joué par Mick Jagger avant de se planter dans une photographie de Borgès, l’écrivain surréaliste, cité – tout comme Genet et Burroughs - à plusieurs reprises dans le film. Marianne Faithfull qui y avait été castée aux côtés de Jagger avant d’y renoncer pour cause de grossesse a souvent résumé Performance comme le seul film a avoir su mettre sous cloche l’esprit de rébellion de la fin des années 60, entre crise d’identité et décadence. Cammell avait lui, confié que l’influence première sur ce film était Kenneth Anger, le cinéaste underground sulfureux, ami à la fois des Rolling Stones et du réalisateur, qui avait d’ailleurs joué dans quelques-uns de ses courts métrages. Lorsqu’il finira par sortir en 1970, Performance achèvera de sonner le glas du monde qu’il décrivait : Brian Jones, qui avait en grande partie inspiré le personnage de Turner avait été découvert mort six mois plutôt tandis que l’image libertaire de Jagger est sérieusement mise à mal suite au  tristement célèbre concert des Stones à Altamont où un spectateur fut tué. James Fox, lui se retira du métier d’acteur pour entrer dans une communauté religieuse pendant dix ans. Le temps qu’il aura fallu à Performance pour que ses qualités commencent à être reconnues à leur juste mesure.

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