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Le cadre historique de Missing, c’est le coup d’Etat de Pinochet, en septembre 1973 au Chili. Costa-Gavras est incontestablement au cœur de son cinéma, qui a eu pour objet de dénoncer toutes les tyrannies, passées ou contemporaines à travers des films d’une force rarement égalée. De Z à Amen, en passant par L’Aveu ou Adults in the room, il a incontestablement construit une œuvre essentielle.

Missing n’y va pas par quatre chemins pour mettre en lumière la monstruosité des exactions de l’armée chilienne putschiste, depuis les brimades ordinaires à l’encontre d’une population sidérée jusqu’aux rafles permettant l’arrestation de tous ceux qui seraient apparus de gauche ou tout simplement rétifs à l’ordre nouveau. Certaines sont à cet égard d’une grande crudité, d’autres introduisent un peu de poésie, par exemple quand un cheval blanc échappé d’on ne sait où, se met à galoper au milieu des soldats, symbole d’une liberté qui ne se laisse pas abattre.

Mais si le film ne s’égare jamais, il quitte assez vite le champ collectif pour s’attacher à deux personnages précis, la compagne d’un Américain vivant au Chili, disparu dans la tourmente et le père de ce dernier, débarqué des Etats-Unis pour retrouver son fils. Toute la subtilité du film est de montrer l’antagonisme générationnel entre ces deux-là, qui s’estompe peu à peu quand le père se rend compte qu’il se berçait d’illusions quant à la générosité des siens, l’attachement de son pays à la démocratie passant manifestement après ses intérêts économiques ou géopolitiques.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver 1984 (Il dénonce le totalitarisme) ou encore COLONIA (Il suit également des Occidentaux pris au piège de la dictature de Pinochet).

Le coup d’Etat de Pinochet date de 1973, et le dictateur n’a quitté le pouvoir qu’en 1990, à l’issu d’un référendum hasardeux que Pablo Larrain relatera dans No. Costa-Gavras ne pouvait évidemment pas faire son film sur place, et c’est le Mexique qui a accueilli le tournage. Mais il faut se souvenir qu’Etat de siège, réalisé par Costa-Gavras en 1972 et dénonçant l’aide de l’Amérique aux dictateurs latino-américains, l’avait été au Chili, et que le cinéaste avait même rencontré à cette occasion le président Allende. En filmant Yves Montand, son acteur-fétiche, son porte-parole depuis Z dans la peau d’un agent de la CIA venu prêter main forte aux militaires dans Etat de siège, le cinéaste anticipait ce qui allait survenir un an plus tard, puisque c’est la même CIA qui a donné un coup de main à Pinochet pour s’emparer du pouvoir dans un bain de sang. Missing apparaît ainsi comme le second volet d’un diptyque latino-américain. Mais le film est américain, avec des stars américaines, ce qui ne manque évidemment pas de sel, ni de courage. Courage récompensé puisque le film a obtenu la Palme d’or à Cannes.

Mais quel que soit le cadre politique du film, ce sont les personnages qui nous intéressent au premier chef. A y regarder de plus près on se dit que les films américains du cinéaste ont en commun de mettre en lumière un personnage face à ses contradictions, quand les faits donnent tort à ses convictions les plus profondes, à ses sentiments les mieux établis. Dans La Main droite du diable, nous suivons une femme-flic, infiltrée dans une famille réactionnaire du Middle west. Elle tombe amoureuse de l’homme de la maison avant de se rendre compte qu’il est un dangereux suprémaciste blanc, prêt à commettre un attentat. Dans Music Box, nous nous attachons à une avocate qui a entrepris de défendre son propre père, accusé d’être un criminel de guerre… L’attachement filial a du mal à résister à l’épreuve. Dans Missing, le père du disparu est un bon Républicain, fier de ses valeurs et partisan résolu du président Nixon. Il arrive au Chili avec un bon paquet de certitudes, qui vont peu à peu se dissoudre au fil de ses recherches. Jusqu’à partager les idées pour le moins contestataires de sa bru. Nous sommes d’autant plus touchés que Jack Lemmon et Sissy Spacek, qui donnent vie aux deux personnages sont d’une certaine manière les représentants de deux visions du cinéma : lui est l’un des comédiens les plus doués du Hollywood éternel, inoubliable chez Wilder, alors qu’elle est arrivée au cinéma dans la vague contestatrice du Nouvel Hollywood.                                                          

Costa-Gavras est un très grand du cinéma, encore en activité. Ses derniers films dénoncent davantage la mainmise du fric qu’ils ne fustigent la tentation du char d’assaut, mais ils restent du côté de ceux qui se battent pour la liberté et la justice. Il a en tous cas imprimé sa marque dans l’Histoire du cinéma dès la sortie de Z, son troisième film, fixant au passage les règles d’un genre nouveau, le thriller politique. Ont ainsi été passés à la moulinette de ses indignations les colonels grecs, les staliniens, les dignitaires de Vichy, les hommes de la CIA, le  pape Pie XII, etc. Une comédie humaine aux dimensions du monde. Un cinéma citoyen.

Adaptation du roman Missing : Porté disparu (The Execution of Charles Horman; An American Sacrifice) de Thomas Hauser, le film réalisé par Costa-Gavras est lors de sa sortie en 1982, une véritable bombe. Alors que le monde est englué dans une guerre froide qui n’en finit ...

Au début des années 80, Costa Gavras est déjà bien ancré dans le cinéma politique et engagé. Sa trilogie de la dictature à ouvert la décennie précédente, et il présente à Cannes un brûlot sur le coup d’Etat de Pinochet, largement soutenu par les Etats-Unis moins ...

Si Costa Gavras peut énerver aujourd’hui par sa tendance à grossir le trait des sujets qu’il traite jusqu’à la caricature, il fut une époque où ces films ressemblaient plus à la démonstration d’une évidence qu’à une pathétique tentative de propagande. Missing ...