Guy Richie grand adepte de la séquence clipée, des images saturées ou désaturées, bref cinéaste à l’expressionnisme agressif, a mauvaise réputation chez les cinéphiles. Moins par son mariage médiatico-scandaleux avec Madonna que par des films jugés ratés, vulgaires ou tape-à-l’oeil. On lui concède volontiers l’étonnant Snatch avec Brad Pitt mais c’est pour mieux accabler des oeuvres comme A la dérive (2002) ses Sherlock Holmes ou sa version des légendes de la table ronde Le roi arthur, la légende d’excalibur (2017). C’est encore dans le film de gangster paroxystique qu’il est le mieux toléré. On y voit un cousin britannique de Quentin Tarantino.
Avec RockNrolla Richie s’est refait en 2008 une réputation. On l’avait loué pour ses deux premiers films et l’ont retrouve là son cocktail détonnant de mots d’auteur, cruauté, outrance, et rapidité. Oui c’est rock, version amphétamine, définit par lui comme une manière nouvelle de vivre vite et profiter de tout, quitte à faire un beau cadavre. C’est la première collaboration du cinéaste anglais avec le nabab américain Joel Silver qui, comme son nom l’indique a fait fortune avec L’arme fatale, Predator, Piège de cristal et Matrix. Un partenariat qui se poursuivra sur les films suivants de Guy Ritchie.
Il est vrai que si l’on a considéré qu’être provo -comme on disait à la fin du siècle dernier- pouvait constituer une qualité, Richie est un metteur en scène un peu plus ambitieux que cela. On peut le constater dans une scène tournée dans le quartier de Soho à Londres où il a planqué sa caméra dans une cabane de chantier pour inscrire sa fiction sur fond de réalité. Citons aussi le nouveau stade de Wembley parmi les décors spectaculaires du film ou encore la fameuse Battersea Power Station ancienne centrale électrique immortalisée sur la pochette de l’album Animals de Pink Floyd. It’s only rock’n roll but I like it.