ROSIE DAVIS

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36 heures. C'est le temps que Rosie Davis va passer au chevet d'une famille de Dublin récemment mise à la rue. Une journée et demie collée aux basques de cette mère courage, essayant de maintenir à bout de bras le quotidien de ses enfants, de les préserver tant qu'elle le peut de cet ultime stade de la précarité.

Le film de Paddy Breathnach parle la même langue de cinéma que celle de ceux des frères Dardenne ou de Ken Loach. Il n'y a que l'accent, irlandais, qui diffère. Pour le reste, tout est focalisé sur un élément humain, peu rongé par la détresse comme par un système administratif et sa bureaucratie tout en failles.

Rosie Davis a pour autant l'intelligence de ne pas sombrer dans le pathos. Montrer une situation terrible certes, mais avec une grande dignité. Celle d'instants légers, respirations dans un tableau social inadmissible, et plus encore par le portrait d'une femme se refusant à être démissionnaire malgré les embûches, pour un hommage fort, un geste de compassion, envers toutes ces mères au bord du gouffre.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver MOI, DANIEL BLAKE (Parce que Ken Loach n'a pas son pareil pour décrire les laissés-pour-compte de la société anglaise. Cette Palme d'Or cannoise (la deuxième du cinéaste) décrit la cruelle absurdité des "aides" proposées aux demandeurs d'emplois.) ou encore LES COMMITMENTS (Parce que le scénariste Roddy Doyle n'a pas son pareil pour saisir l'intensité de la vie dublinoise. En témoignent aussi "The Snapper", "The Van" et "Rosie Davis".).

La fibre irlandaise de Rosie Davis doit beaucoup à Roddy Doyle. L'écrivain, fameux pour ses romans, chroniques truculentes de la classe ouvrière, n'était pas un inconnu pour le cinéma : les trois volumes de sa Trilogie de Barrytown (Les commitments, The snapper, The van) ayant tous été portés à l'écran, mais par des réalisateurs anglais : Alan Parker et Stephen Frears. Rosie Davis sera un cas à part, que ce soit en étant le retour à l'écriture de scénario pour Doyle, qui n'en avait pas signé un depuis dix-huit ans, mais surtout le recentrage sur son pays d'origine.

Doyle est à l'origine même de Rosie Davis : Un reportage à la radio consacrée à une femme devenue sans domicile fixe depuis plusieurs semaines, faute de pouvoir trouver une place d'accueil pour elle et ses enfants, l'administration lui fermant la porte au nez, le touche tant qu'en réaction il se lance dans la rédaction d'un scénario, qu'il soumet à Elemental, une société de production qui avait déjà travaillé avec le réalisateur Paddy Breathnach. Après plusieurs films fantastiques et polars, celui-ci avait pris le virage du drame social, avec Viva (sur un jeune coiffeur cachant à sa famille son activité de drag queen). Un essai suffisamment concluant pour qu'Elemental lui confie le scénario de Doyle.

Rosie Davis se déroule dans l'urgence pour une mère de trouver un toit à ses enfants, le tournage en épousera les contours : Doyle aura mis moins d'un mois pour écrire ce film, Breathnach le préparera en quatre semaines, les prises de vues prendront le même temps. Par nécéssité, au vu d'un budget minimal, mais aussi par volonté de rester dans le flux du récit. Breathnach fera d'ailleurs modifier le planning de tournage, se concentrant sur le peu de temps qu'il avait avec les enfants, ceux-ci étant soumis par la loi à des horaires de travail aussi limités que stricts. Rosie Davis y ayant gagné énergie et authenticité contribuant à être aussi un film aussi vivant qu'attachant.

Rosie Davis est une héroïne du quotidien qui ne déparerait pas dans le cinéma de Loach ou des frères Dardenne. Dans le contexte de la pénurie immobilière de Dublin, cette mère de 4 enfants se bat avant tout pour trouver un toit pour la nuit à venir, faute d'un logement ...

Ce film nous plonge d'emblée dans la réalité dramatique de la sévère crise du logement en Irlande. Dans les quartiers populaires de Dublin, les logements sont rares et chers, pour des raisons économiques, que nous pouvons deviner... toujours les mêmes ! Nous vivons ...

ROSIE DAVIS (15,4) (Paddy Breathnach, IRL, 2018, 86min) : Rosie Davis propose une émouvante chronique sociale, à travers le combat d'une famille modeste irlandaise, en difficulté quotidienne pour trouver un abri décent pour passer la nuit au cœur de Dublin, depuis que leur ...