SICILIAN GHOST STORY

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Sicilian Ghost story nous entraîne dans un village de Sicile planté au milieu de nulle part, aux confins d’une forêt mystérieuse dans laquelle va disparaître Giuseppe, un gamin des treize ans, sans que personne ne s’en émeuve plus que cela. A l’exception de Luna, sa camarade de classe, qui est aussi son amoureuse. Dès lors elle fera des pieds et des mains pour retrouver le jeune homme. Une tâche d’autant plus ardue que celui-ci n’a pas réellement été englouti par la forêt, mais bel et bien kidnappé par des mafieux qui ont des raisons d’en vouloir à son père…

On le voit, il n’est pas aisé de ranger le film dans une case. C’est évidemment une histoire d’amour, mais nous sommes loin de la bluette adolescente. C’est aussi un film politique, qui dénonce les exactions de la mafia en un lieu où personne ne cherche à contrecarrer ses sinistres desseins. Et c’est enfin un film qui flirte avec le fantastique jusqu’à se laisser peu à peu glisser dans une sorte de songe panthéiste et cotonneux.

Il y a sans doute un peu de Roméo et Juliette, voire d’Orphée et Eurydice dans ce film aux accents mythologiques flagrants, mais au jeu des références c’est sans doute l’univers cinématographique de Guillermo del Toro qui nous vient le plus spontanément à l’esprit. Les fantasmes enfantins qui permettent de canaliser et parfois même d’exorciser l’angoisse nous renvoient de façon moins baroque, plus feutrée au Labyrinthe de Pan et peut-être à L’Echine du diable, qui avaient en leur temps frotté l’imaginaire enfantin aux atrocités du régime franquiste. Aujourd’hui, Franco est mort, mais la pieuvre règne encore sur de larges territoires…

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE LABYRINTHE DE PAN (Il confronte également l'imaginaire enfantin aux duretés d'un monde sans pitié) ou encore ROMÉO ET JULIETTE (C'est le récit d'un amour entravé par la folie du monde et les rivalités des adultes.).

Les signataires du film sont deux, Fabio Grassadonia et Antonio Piazza. Ils avaient auparavant livré un étonnant premier film, Salvo, qui racontait l’itinéraire d’un tueur de la mafia touché par la grâce d’une petite fille aveugle alors qu’il venait de massacrer toute sa famille. On l’aura compris, les deux cinéastes sont hantés par les ravages du crime organisé, mais ils n’aiment rien tant que transformer leur dénonciation en fable et brouiller les pistes pour nous livrer in fine un cinéma qui ne ressemble à aucun autre. Ce qui ne les empêche pas, en amont, de soigner son ancrage dans le réel. Pour les besoins de Sicilian Ghost Story, ils ont lu soigneusement les actes du procès concernant l’affaire qui a donné au film son fil conducteur. C’est à partir d’un matériau réaliste qu’ils ont imaginé une histoire d’amour transcendant le sordide de la situation.

Le film est manifestement original. Il est de fait peu consensuel. Certains lui vouent une véritable adoration quand d’autres se montrent totalement rétifs. Là où les premiers voient de la poésie, les autres parlent de lenteur, d’évanescence. Les uns louent son onirisme, les autres dénoncent des effets de style appuyés, à base de musique lancinante, de perspectives déformées et de travellings sans fin. Mais comme disait Godard un travelling est affaire de morale. Et la question se pose bel et bien de la validité du baroque pour rendre compte d’une réalité sordide. Chacun sa vérité.

Car il n’en demeure pas moins que le film est dédié à un certain Giuseppe Di Matteo, assassiné en 1996 après 779 jours de captivité. Il avait quinze ans. Cet ado était le fils d’un mafieux repenti, qui était en train de se mettre à table depuis des semaines au moment des faits. Les mafieux étaient persuadés qu’il cesserait de tout raconter aux flics pour sauver son fils. Ils avaient tort. L’affaire est d’autant plus ignoble que le chef des tortionnaires avait vu grandir le gamin. Ce qui n’empêche personne de le transporter de cache en cache à travers toute la Sicile jusqu’au jour où l’ado, entre la vie et la mort, est étranglé par ses geôliers et son corps est dissous à l’acide. On comprend que les dernières images du film soient aussi oniriques…

Nous sommes arrivés en avance à la Cinexpérience. Il faut s'avoir qu'une Cinexpérience à Bastille, arriver en avance ou arriver en retard se détermine par le temps que tu mets à bouger tes fesses de l'endroit où tu manges tes nuggets à l'endroit où la queue grandit. Soit ...

Nous sommes arrivés en avance à la Cinexpérience. Il faut s'avoir qu'une Cinexpérience à Bastille, arriver en avance ou arriver en retard se détermine par le temps que tu mets à bouger tes fesses de l'endroit où tu manges tes nuggets à l'endroit où la queue grandit. Soit ...

Des spoilers. Pas de ouf, mais quand même. C'est mieux d'avoir vu le film. Sicilian ghost story raconte l'histoire d'un amour brisé, au-delà de l'impossible. Il a suscité les comparaisons, de la part des réalisateurs eux-mêmes d'ailleurs, avec Roméo et Juliette notamment. ...