THE WORLD TO COME

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Filmer le désir n'est pas une chose facile. Tout repose sur une question de dosage. Etre trop dans la langueur peut faire baisser la température. Etre trop pressé a de quoi refroidir les ardeurs. Mona Fastvold atteint un parfait équilibre avec The world to come. 

Un nouveau monde s'ouvre bien pour Abigail, épouse de fermier qui s'est renfermée sur elle-même depuis la mort de son enfant. L'apparition d'un couple  louant la propriété voisine va l'en extraire. Tallie, la nouvelle voisine, devient une amie de plus en plus proche, voire plus au dam de leurs maris respectifs : dans le New York rural de 1856, une relation amoureuse entre femmes est scandaleuse.

The world to come ne se limite pourtant pas à un mélo lesbien en costume. Fastvold interroge tout autant la notion de couple au gré d'échanges aussi brillants que nourris entre ce quatuor de maris et femmes qui ont perdu la capacité de se parler et plus encore de s'entendre. Au-delà de la sensualité d'un jeu de séduction entre Abigail et Tallie, The world to come organise un débat tout en nuances autour de cette conciliation.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE SECRET DE BROKEBACK MOUNTAIN (Un autre récit, au masculin cette fois-ci, d'une relation interdite...) ou encore AMMONITE (Une autre passion entre femmes dans un milieu rural).

Lorsque Mona Fastvold se voit proposer le scénario de The world to come, elle est immédiatement séduite par la manière dont Jim Shepard et Ron Hansen, romanciers déjà scénaristes de L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, autre film à l'atmosphère envoûtante, ont renouvelé le motif d'une romance contrariée. Renouant avec la littérature d'un D.H Lawrence- l'auteur de L'amant de Lady Chatterley- ce scénario donne de l'importance au langage. L'approche entre Abigail et Tallie se jouant beaucoup sur la retenue, des dialogues ou chaque phrase est une manière de tester ce que les deux femmes peuvent s'avouer ou non dans une époque entravées par les conventions sociales. Fastvold se lance le pari d'accompagner ces joutes à demi-mots par une mise en scène très visuelle. 

La réalisatrice se servira de son expérience de danseuse pour faire de la relation entre Abigail et Tallie une sorte de chorégraphie pouvant rythmer des scènes très dialoguées, travaillant autant sur les mouvements de caméras dans les nombreux plans séquences que sur les plus infimes gestes de Vanessa Kirby et Katherine Waterston, afin de freiner la vibrante alchimie qui s'est opérée entre les deux actrices dès leur rencontre sur le plateau. Le principe étant de pouvoir incarner la progression entre les deux personnages, de la maladresse à la passion. 

Fastvold travaillera de la même manière sur la photo du film que ce soit en demandant au chef opérateur français, André Chemetoff de s'inspirer de tableaux impressionnistes et de natures mortes ou en faisant le choix de tourner en 16 mm pour que la texture de l'image épouse celle de la lumière. La véritable influence de The world to come résidant cependant dans une autre forme de correspondance : l'identification ressentie par la réalisatrice avec Abigail, Fastvold s'étant reconnue à la lecture du scénario dans le besoin de ce personnage d'inscrire dans un journal intime son ressenti. Elle-même remplissant depuis toujours des carnets remplis de ses réflexions et impressions.

Un film qui raconte une histoire d'amour entre deux femmes mariées en 1856.J'ai lancé le film sans connaître le sujet, et dès le début on est emporté par la beauté de la nature. le lieu est magnifique, mais on est en 1856, et le climat comme le travail sont rudes ...