UN AMOUR DE SWANN

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Nous sommes à la fin du dix-neuvième siècle. Charles Swann tombe fou amoureux d'Odette de Crécy et coule des jours heureux en sa douce et charmante compagnie. Seulement voilà: Swann est un homme du monde très en vue dans la haute société, alors que sa bien aimée est ce que l'on appelait alors une demi-mondaine, à savoir une call-girl de luxe. Cette situation finit par rendre Swann fou de jalousie et l'homme se livrera de plus en plus corps et âme, à sa passion destructrice.

Jeremy Irons alors tout fraîchement sorti de La maîtresse du lieutenant français de Karel Reisz, et de Travail au noir de Jerzy Skolimowski, était choisi par le cinéaste Volker Schlöndorff, primé à l'époque pour son film Le Tambour, pour incarner Charles Swann face à une Ornella Muti débordante de sensualité et justifiant du coup les débordements de folie dans lesquels sombre son amant Swann. Schlöndorff pour sa part, s'en tire avec les honneurs pour ce qui était de porter à l'écran un roman de Marcel Proust, auteur réputé difficilement adaptable au cinéma et au théâtre. Il s'est pour cela attribué les services au scénario des pointures que sont Peter Brook et Jean-Claude Carrière de même que de Marie-Hélène Estienne.

Les autres interprètes d'Un amour de Swann ont pour noms Marie-Christine Barrault, Fanny Ardant, Charlotte de Turckheim, Jean-François Balmer, Roland Topor, Jean-Pierre Coffe et un certain Alain Delon, étonnant, vous le verrez, en Baron de Charlus. Volker Schlöndorff a confié la photographie d'Un amour de Swann a Sven Nykvist, chef opérateur réputé pour son travail sur les œuvres de Woody Allen, Roman Polanski, Louis Malle, Philip Kaufman ou encore Andrei Tarkovsky. Le résultat n'en est que plus probant.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver CONFESSION D'UN ENFANT DU SIECLE (Dans ce film de Sylvie Verheyde, la jalousie et la passion destructrice sont également de mise.) ou encore LE TEMPS RETROUVE (Ce film de Raoul Ruiz est aussi une adaptation de Marcel Proust.).

Le film Un amour de Swann auquel vous avez assisté, n'a pas toujours été en odeur de sainteté au regard des critiques voire même d'une large partie du public. Sorti en 1984 et aussitôt attaqué par les inconditionnels de Proust puis par beaucoup d'autres, il fallut des années à Volker Schlöndorff, son réalisateur, pour inverser la situation et réussir à faire admettre la légitimité de son travail de même que celui de ses scénaristes. Non, Proust n'a pas été trahi à travers cette adaptation cinématographique, argumentent les parties concernées, et si débordements il y a eu, c'est uniquement dû au fait qu'il a été introduit dans le scénario certains éléments relevant de l'ensemble des trois romans qui composent A la recherche du temps perdu et pas uniquement d'Un amour de Swann.

Autre grief, le film est une production internationale avec tout ce que cela comporte comme contraintes, notamment les obligations de doublage puisque les acteurs sont de nationalités différentes et ne manient pas tous la même langue avec dextérité. Dans le cas présent, Ornella Muti, italienne, Jeremy Irons, britannique, Alain Delon, Fanny Ardant et beaucoup d'autres, français, qui viennent tous de par leur diversité constituer un élément perturbateur pour les puristes qui ne supportent pas de ne pas reconnaître les voix des comédiens qu'ils voient à l'écran, même si le doublage est bien réalisé comme c'est le cas ici, avec entre autres, une excellente prestation de Pierre Arditi doublant Jeremy Irons.

Volker Schlöndorff prit la relève sur le tournage d'Un amour de Sawnn, de Peter Brook qui devait en assurer la réalisation dans un premier temps avant de quitter le navire se contentant par la suite, d'un rôle de coscénariste. Le projet dut se monter dans la rapidité en raison de l'échéance des droits de l'œuvre de Proust, que détenaient la productrice Margaret Ménégoz. Une urgence qui, pas plus que les constantes rivalités sur le tournage entre Jeremy Irons et Alain Delon, n'empêchèrent Schlöndorff de mener sa barque à bon port de manière plus qu'honorable.

Charles Swann, fringant dandy juif (M. Jeremy Irons), fréquente assidument la noblesse parisienne et finit par s’enticher d’Odette Crécy, demi-mondaine (Mme Ornela Muti), dont il devine le passé trouble. S’il souhaite le lui pardonner, c’est au prix de quelques confessions ...

L'adaptation au cinéma d'A la Recherche du temps perdu de Marcel Proust est un projet maudit sur lequel beaucoup de cinéastes se sont heurtés. Il y a tout d'abord eu Luchino Visconti qui a tenté pendant plus de dix ans de mettre en chantier le film proustien... Sans succès. ...

Coutumier des adaptations littéraires plutôt difficiles (Le Tambour de Günter Grass, Mort D'Un Commis Voyageur d'Arthur Miller...), le cinéaste allemand Volker Schlöndorff n'a pas craint de s'attaquer au plus inadaptable des monuments : Marcel Proust. Pourtant, ...