BOSS en VOD
- De
- 1975
- 89 mn
- Guerre / Western
- Etats-Unis
- Tous publics
- VM - HD
PARCE QUE
Le réalisateur Jack Arnold est surtout connu aujourd’hui pour ses grands classiques du cinéma fantastique et de science-fiction. L’étrange créature du lac noir, Le météore de la nuit, Tarantula ou L’homme qui rétrécit sont des oeuvres fondamentales ayant révolutionnées le genre et marquées des générations de cinéastes, de Steven Spielberg à Pedro Almodóvar, en passant par Joe Dante, Bertrand Tavernier, Guillermo del Toro et tant d’autres. Cependant, ces longs-métrages sont la partie émergée d’un iceberg où Arnold a exprimé son talent via divers genres, comme le Western avec notamment Une balle signée X en 1959. Boss Nigger est l’occasion idéale pour découvrir cette facette méconnue de Jack Arnold.
Pour son avant-dernier film conçu pour le grand écran, Arnold, également producteur, s’associe à Fred Williamson. Ancien joueur de football américain, Williamson se reconvertit au métier d’acteur durant les années 60, enchaînant quelques petits rôles dans des séries et films comme Star Trek ou M.A.S.H., avant de s’imposer comme une star de la blaxploitation dans les années 70, notamment via son rôle de gangster dans Black Caesar, le parrain de Harlem de Larry Cohen en 1973. Williamson c’est une gueule et un humour tantôt vachard, tantôt marqué par l’autodérision, qui l’aideront à conquérir le coeur des fans du cinéma d’exploitation. Au même titre que Pam Grier, Richard Roundtree, Jim Brown ou encore Jim Kelly, Fred Williamson est une icône de toute une contre-culture populaire des 70s.
Également producteur, Williamson profite de Boss Nigger pour signer son premier scénario. L’occasion pour la vedette d’écrire une œuvre engagée. Bien qu’il s’agisse au premier abord d’un western léger, préfigurant par l’humour de son duo de nombreux Buddy Movies contemporains, Boss Nigger dispose d’un script subversif mettant en exergue le racisme de la population américaine envers la communauté noire, mais également hispanique. En effet, le duo composé du nouveau Shérif et de son assistant va reconquérir par la loi et les armes les diverses composantes d’une bourgade du Far West, et par extension les diverses strates et lieux communs que la société américaine leur interdit. L’occasion également pour Arnold de renouer avec la thématique de la peur de l’autre qui l’avait déjà abordé dans Le météore de la nuit.
Par sa volonté de mélanger western, Buddy movie et critique du racisme, Boss Nigger apparaît comme le film miroir de Buck et son complice de Sidney Poitier, sorti deux ans auparavant et qui mettait en vedette Poitier et Harry Belafonte. Le long-métrage de Jack Arnold s’inscrit également dans une volonté de questionner la face sombre de l’Amérique des origines à l’encontre de la population noire, qui culminera avec le controversé Mandingo de Richard Fleischer. Par ailleurs, la forte implication de Fred Williamson dans Boss Nigger, au point qu’on peut parler de film fait à quatre mains, en font un représentant typique du cinéma populaire afro-américain de l’époque. Un cinéma qui utilisait et assumait les codes du cinéma de genre pour exprimer la colère, mais aussi les aspirations d’un peuple ostracisé, et qu’on retrouve aujourd’hui notamment chez Jordan Peele.