ET AVEC LES OREILLES QU'EST-CE QUE VOUS FAITES ?

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Il n’y a pas que La nuit américaine de François Truffaut qui traite du cinéma. En 1974 sortait Et avec les oreilles, qu'est-ce que vous faites ? d’Eddy Matalon, comédie dénudée sur les déboires de deux apprentis cinéastes, Arthur le scénariste, et Jérôme le réalisateur. Dans l’après 1968, ils rêvent de faire un film politique sur Jeanne d’Arc. Mais leur producteur leur explique vite qu’au cinéma « la communion des corps doit suivre la communion des esprits » et que s’ils veulent faire du cinéma – à moins d’être « un inconnu Suisse », il faut qu’ils fassent dans l’érotisme.

Eddy Matalon joue un double jeu avec ce film : il se moque de la tendance de l’époque à mettre le sexe à toutes les sauces, tout en multipliant les scènes de nudité – qu’on ne saurait appeler des scènes de sexe tant elles sont potaches voire infantiles. Il faut croire qu’il pense comme ses personnages : « Écrire un film de cul ça n’a déjà rien de marrant ! »

Et avec les oreilles, qu'est-ce que vous faites ? est un film fauché mais inventif. À bien y regarder, il est tourné dans peu de décors : la chambre d’Arthur (où s’ouvre le film sur une séquence aussi maline que coquine), le bureau du producteur, l’appartement de la tante de Jérôme, ou enfin le studio où les deux compères s’installent pour rêver de leur film. Soit un espace blanc dont le réalisateur tire profit au maximum avec quelques accessoires (dont un lit) et des jeux de lumières (comme dans la séquence “africaine”).

On dit de certains films des années 70, comme Les valseuses de Bertrand Blier ou Sex-shop de Claude Berri, qu’il serait impossible de les réaliser de nos jours. C’est aussi le cas de Et avec les oreilles, qu'est-ce que vous faites ? : le traitement des personnages féminins – comme des actrices ; la représentation d’une sexualité où le consentement n’existe pas ; ou encore la scène douteuse où Jérôme se déguise en balayeur africain, tout ça date d’une époque heureusement révolue… mais donne du coup au film une dimension sociologique. Une vraie curiosité.

Cette pépite jusque-là introuvable du cinéma de genre français est très déroutante mais aussi très drôle. C’est le genre de comédie pouet pouet érotique comme il s’en faisait dans les années 70. Mais là c’est censé être une parodie des films du genre, sauf ...