JE T'ATTENDRAI en VOD
- De
- 1939
- 81 mn
En 1918, un bombardement force le train à bord duquel se trouve Paul Marchand à s’arrêter pour quelques heures. Le jeune soldat en profite pour rendre visite à sa famille qui habite le village voisin. Il retrouve sa fiancée en bien mauvaise compagnie.
- Drame
- France
- Tous publics
- VF - HD
1 MIN AVANT
Réalisé en 1939 par Léonide Moguy, Je t’attendrai est une réussite méconnue qui prend la guerre de 14-18 comme décor pour tirer les conventions du mélodrame jusqu’au sublime. Une compagnie de soldats français se dirige en train vers le front. Une attaque aérienne. Un rail est endommagé, deux heures de réparation sont nécessaires. Paul supplie son sergent de lui octroyer une heure de fausse permission : le village de ses parents est à quelques foulées. Surtout il veut revoir Marie, qu’il aime et qui ne répond plus à son courrier. Sur place, la désillusion. Marie l’aurait abandonné ainsi que ses parents chez qui elle vivait pour servir dans une cantine tenue par une crapule.
Moguy filme en temps réel, ne lâchant presque jamais son personnage qui doit affronter son désarroi et comprendre le revirement de Marie en moins d’une heure, avant de rejoindre son convoi, au risque de passer pour un déserteur. Peut-être est-ce le premier film à faire coïncider la durée de son action avec celle de sa projection, dix ans avant La Corde d’Hitchcock. Il choisit aussi la vérité des décors naturels extérieurs, près de Chartres, dans un village boueux, et donne au mélo un traitement qui évoque le réalisme poétique en vogue dans les années 1930, avec une photo travaillée, jouant de la brume, et son héros accablé par la fatalité sociale. La guerre, en arrière-plan mais omniprésente dans la bande-son, est montrée dans son absurde brutalité, sans lyrisme.
L’histoire d’amour contrariée est portée par un couple magnifique, acculé par l’urgence de la situation. Jean-Pierre Aumont, jeune premier adulé, est d’une bouleversante fragilité, passant de l’enthousiasme à l’abattement, d’un plan à l’autre. Face à lui, Corinne Luchaire, révélée un an avant par Moguy dans Prison sans barreaux, offre son visage magnifiquement douloureux, dans lequel se lit la résignation et l’orgueil. Son jeu, dépouillé de conventions, livre les blessures et la force du personnage.
Dans le même genre vous pouvez trouver LES CROIX DE BOIS (Parce que cette adaptation par Raymond Bernard du roman de Roland Dorgelès est un des meilleurs films consacrés à la Première Guerre mondiale.) ou encore CLÉO DE 5 À 7 (Parce que ce film d'Agnès Varda a un point commun avec "Je t'attendrai": être presque en temps réel. Les intrigues s'étendent sur deux heures mais les films durent une heure et demie.).