LA CLASSE DE NEIGE

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C’est l’histoire du jeune Nicolas, en proie à des tas d’angoisses diurnes et nocturnes, un enfant qui, parti en classe de neige, craint de ne pas s’intégrer, d’être pointé du doigt et qui ne parvient pas à oublier d’autres peurs plus imprécises et terrifiantes. Est-ce le fruit de son imagination débridée ? L’écho tenace des histoires d’accidents et de rapt d’enfants racontées par son père, un homme rigide et un peu froid qui a tenu à l’amener lui-même en voiture alors que tous ses camarades ont pris l’autocar ? Ou bien le souvenir des histoires horribles que Nicolas aime lire le soir avant de s’endormir ?   

Réalisé par Claude Miller en 1998, La Classe de neige est scénarisé par le réalisateur avec Emmanuel Carrère d’après le roman de ce dernier, paru en 1995 et couronné du Prix Fémina. L’écrivain qui voit là un de ses livres adaptés au cinéma pour la première fois, signera lui-même ensuite la mise en scène de La Moustache, tandis que Nicole Garcia réalisera L’Adversaire et Philippe Lioret Toutes nos envies d’après D’autres vies que la mienne.

Emmanuel Carrère, né en 1957, a eu plusieurs vies : critique de cinéma notamment à Télérama dans les années 1980 ; auteur de deux biographies, l’une consacrée à Werner Herzog et l’autre à Philip K. Dick ; romancier et essayiste, scénariste pour la télévision de Léon Morin prêtre, réalisé par Pierre Boutron en 1991, à la série Les Revenants, en 2012 ; réalisateur, enfin. La Classe de neige est un livre foisonnant qui traite de toutes les formes de récits : rumeurs, fables, contes, rêves et cauchemars. Centré sur un enfant, il était logique qu’il attire l’attention de Claude Miller, qui plaça si souvent l’enfance au cœur de ses films tels que L’Effrontée, La Petite Voleuse, ou Un secret.

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LES DISPARUS DE SAINT-AGIL DE CHRISTIAN-JAQUE (1938). (Dans un collège, quelque chose se trame, est-ce le fruit de l’imagination fertile des enfants ? Lorsque certains disparaissent, le doute s’installe, comme dans La Classe de neige.) ou encore FESTEN DE THOMAS VINTERBERG (1998) (Prix du jury au Festival de Cannes 1998, ex-aequo avec La Classe de neige de Claude Miller).

Prix du jury présidé par Martin Scorsese au Festival de Cannes 1998, ex-aequo avec Festen de Thomas Vinterberg, La Classe de neige est le neuvième long métrage de fiction de Claude Miller qui en signa seize au long de sa carrière. Elève de l’IDHEC au début des années 1960, il en sort major de promotion puis devient assistant réalisateur pour Marcel Carné, Jean Herman, Robert Bresson ou Jacques Demy. Il est ensuite directeur de production avec Jean-Luc Godard sur Deux ou trois choses que je sais d’elle, puis avec François Truffaut de Baisers volés à L’histoire d’Adèle H. Il signe trois courts métrages puis passe au long en 1976 avec La Meilleure Façon de marcher, formidable réflexion sur le pouvoir et la cruauté où s’affrontent Patrick Bouchitey et Patrick Dewaere.

Claude Miller écrit seul ou coécrit ses films notamment avec Luc Béraud – il signe d’ailleurs les scénarios de La Tortue sur le dos et Plein Sud, réalisés par ce dernier-, sur la fin de sa vie il a beaucoup travaillé avec la scénariste Natalie Carter. Il a à plusieurs reprises observé les enfants à travers ses œuvres, et notamment dans l’un de ses plus grands succès, L’Effrontée, qui révèle la jeune Charlotte Gainsbourg en 1985.

Mais, même quand ils sont adultes, la plupart de ses personnages sont des enfants mal grandis, c’est le cas dès La Meilleure façon de marcher, scénario original, jusqu’à Thérèse Desqueyroux, adapté de François Mauriac, en passant par l’obsessionnel amoureux de Dites-lui que je l’aime, le détective fasciné par sa proie dans Mortelle Randonnée, le fils inconsolable de Je suis heureux que ma mère soit vivante. Un autre de ses thèmes de prédilection est l’apparition du « monstre » et c’est peu dire ici qu’un monstre apparaît, dont nous ne voyons pas les crimes, juste les ravages terribles dans l’inconscient de son fils.

"La classe de neige" commence de manière excellente sur une thématique rarement vue : l'impact nocif de parents surprotecteurs sur leurs enfants. On oscille entre réalité et fantasmes, la frontière se brouille, et on envisage même que cela va avoir des conséquences ...