LES BOUCHERS VERTS en VOD
- De
- 2005
- 96 mn
- Comédie
- Danemark
- - 12 ans
- VO - HD
PARCE QUE
Pourquoi regarder Les Bouchers Verts d’Anders Thomas Jensen ? Les Bouchers Verts d’Anders Thomas Jensen permet de découvrir un Mads Mikkelsen tout jeune, dans l’un de ses premiers films. Sorti au Danemark dans la foulée des succès critiques et publics du premier Pusher et de Breeder, tous deux signés du tout aussi débutant réalisateur Nicolas Winding Refn, ce film méconnu permet de découvrir l’acteur de Casino Royal et Hannibal dans un registre assez différent. Avec un look pour le moins atypique, mais tout aussi effrayant que celui plus suave de ces rôles qui l’ont rendu célèbre dans le monde entier.
Comédie macabre virant peu à peu au drame, ce film est sorti en France en 2005, dans l’indifférence générale. Il mérite d’être (re)découvert, tant le sujet qu’il aborde, avec finesse, résonne avec l’une des préoccupations d’aujourd’hui. À savoir, notre rapport problématique à la viande, et à la malbouffe en général. Mads Mikkelsen campe un duo improbable d’apprentis bouchers, avec un acteur danois inconnu. Mais à la ressemblance troublante avec le héros de la série Prison Break. Hasard certainement. Même si, ici aussi, il est question de se libérer de plusieurs poids existentiels.
Devenus propriétaires de leur propre magasin, Sven, campé par un Mad plus taciturne qu’à l’accoutumée, et Bjarne peinent à rencontrer le succès. Jusqu’au jour où, suite à un malheureux concours de circonstances (un électricien s’enferme et meurt dans leur chambre froide), ils vont découvrir la recette miracle : Sven décide de se débarrasser du cadavre en découpant et vendant certains morceaux à sa clientèle Qui va, contre toute attente, en redemander. Réticent au départ, Bjarne va être peu à peu être aspiré dans la spirale morbide de son collègue. Car il va falloir continuer à chercher cette précieuse matière première, pour faire tourner leur petite entreprise.
À la simple lecture de ce synopsis, on pourrait s’attendre à ce que le film bascule très vite dans la farce grotesque. Le réalisateur évite cet écueil, dès les premières minutes. Façon de dérouter d’emblée celles et ceux qui recherchent des blagues bien lourdes à l’énième degré. Ce qu’il l’intéresse par dessus tout est de creuser l’intériorité de ses personnages et l’évolution de leurs relations. Anders Thomas Jensen opte ainsi pour une mise en scène soignée, aux plans soigneusement cadrés, sans que cela vire au maniérisme. Il est pleinement conscient de la gravité de son sujet, sans chercher à excuser les protagonistes. Pour autant, ils ne les accablent pas : Sven affublé du surnom de « La Sueur », est un être depuis toujours en mal de reconnaissance. Cette soudaine célébrité va le guérir d’une certaine manière, mais aussi le pousser à multiplier les actes inavouables. Des meurtres que le réalisateur a le bon goût de laisser hors-champs, pour mieux se concentrer sur les états d’âmes de ces deux principaux personnages.
Toutefois, il cultive l’ambiguïté, montrant en filigrane que ces actes monstrueux vont aussi leur permettre de prendre conscience de ce qui n’allait pas dans leurs mornes existences. Fable morale mais pas moralisatrice, Les Bouchers verts arrive à nous attacher et à nous émouvoir au sort de laissés pour compte de la société danoise, qui ne sont pas des citoyens modèles. Comme dans les meilleurs films sociaux anglais. Parce que, ce film comblera à la fois les amateurs de comédies macabres avec du fond et les fans de Ken Loach, pour mettre en avant des personnages victimes, mais qui peuvent commettre des actes répréhensibles pour s’en sortir.