OSEN, LA MAUDITE

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Osen la maudite est l’œuvre de Noboru Tanaka, un des meilleurs réalisateurs de la série « Roman Porno » produite par le studio japonais Nikkatsu. On avait d’ailleurs pu découvrir quelques-uns de ses films dans les salles françaises, au tournant des années 80. Parmi ceux-ci, La Véritable histoire d’Abe Sada, tourné un an avant L’Empire des sens de Nagisa Oshima, qui s’inspirait du même fait divers. Ici, Tanaka signe une sorte de farce historique qui brosse le portrait contrasté d’une courtisane déchue. D’un côté, elle semble accepter l’exploitation masculine avec une résignation aristocratique. De l’autre, elle manifeste un caractère mal embouché qui ne l’empêche pas d’exercer une fascination irrésistible sur les hommes. A ce propos, il faut savoir que les « romans pornos », destinés à l’origine à un public masculin, sont maintenant surtout vus par les spectatrices nipponnes. Mais le paradoxe n’est qu’apparent : ces films sondent souvent les mystères de l’âme féminine grâce à une sensation de vitalité physique, loin de toute psychologie traditionnelle. Comme le dit le personnage de la jeune aveugle dans Osen la maudite, « le cœur des femmes… est imprévisible et terrifiant ».

 
Dans le même genre vous pouvez trouver UN TRÉSOR DE GEISHA (FABLE ÉROTIQUE). ou encore OSEN AUX CIGOGNES .

Une fois n’est pas coutume, il est intéressant de s’arrêter sur les différents titres du film. Au Japon, il est connu sous l’appellation Joro Semejigoku, qu’on pourrait traduire par « Tortures Infernales ». C’est assez mensonger puisqu’en dépit de quelques dérapages, on est encore assez loin des « romans pornos » dédiés aux joies du sadomasochisme. Le titre français, Osen la maudite, est peut-être plus approprié car il souligne la parenté avec le classique muet de Kenji Mizoguchi, Osen aux cigognes. Dans ce dernier, une geisha se sacrifiait pour permettre à un jeune étudiant de devenir un grand médecin. De la même manière, la nouvelle Osen finit par accepter avec fatalisme sa condition, sa malédiction. Ce n’est d’ailleurs pas la seule fois où l’œuvre de Mizoguchi, fondée sur les rapports entre sexe et argent, sera pastichée par la Nikkatsu. Tatsumi Kumashiro livrera une version optimiste du très noir La Rue de la Honte, intitulée… La Rue de la joie, où la fermeture des maisons closes sonnait le glas d’un monde de volupté. Quant à la belle Rie Nakagawa, l’interprète principale de Osen la maudite, elle apparaîtra dans une bande érotique consacrée au célèbre peintre d’estampes Utamaro, renvoyant bien sûr à Cinq femmes autour d’Utamaro. Comme quoi, vous le voyez, le « roman porno » est une porte d’entrée - parmi d’autres, évidemment - sur la grande histoire du cinéma japonais.

Osen la Maudite s'impose comme un superbe portrait d'héroïne fragile, une récurrence thématique bien éloigné loin de la misogynie larvée que l'on associe trop souvent au genre. Au coté de Tatsumi Kumashiro, Noboru Tanaka s'imposa comme le grand auteur à émerger du studio ...

mai 2011: D'habitude avec Noboru Tanaka, il me faut toujours un peu de temps pour m'enthousiasmer. Or, ici, dès la fin du film, j'ai ressenti un vif contentement. Peut-être pas aussi éclatant que celui qui se manifesta lorsque je découvris mon premier Tanaka, il y a quelques ...