LE CERVEAU

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En juillet 1968, tout auréolé de l’historique succès de la Grande Vadrouille – 14 millions d’entrée en deux ans – et avec quelques semaines de retard pour cause d’événements restés fameux, Gérard Oury entame le tournage de sa nouvelle comédie, le Cerveau. Contrairement aux rumeurs qui entouraient ce nouveau projet, il ne s’agira pas de la version humoristique de l’attaque du train Glasgow-Londres, qui avait défrayé la chronique durant l’été 1963, mais sa suite.

Gérard Oury imagine, en effet, que le cerveau de cet historique hold-up, toujours en liberté à l’époque du tournage – il ne se rendra qu’en 2001 –, organise un nouveau coup : l’attaque du train transportant les fonds secret de l’OTAN entre Paris et Bruxelles. Ce que le Cerveau, alias David Niven, ignore, c’est qu’un petit voyou sans envergure nommé Arthur Lespinasse, alias Jean-Paul Belmondo, a eu la même idée et qu’en compagnie de son brave copain Anatole, alias Bourvil, il a décidé de passer à l’action.

Face à ce trio de choc et dans le rôle d’un irascible mafieux sicilien, vous allez retrouver Eli Wallach, deux ans après le Bon, la Brute et le Truand, flanqué d’une petite sœur particulièrement photogénique, incarnée par la débutante Silvia Monti, que le critique du Canard enchaîné trouva « jolie, sexy et roulée au poil » !

 
Dans le même genre vous pouvez trouver LE PIGEON (1958) (C’est le coffre du Mont-de-Piété qui est visé. Peppe (Vittorio Gassman) et ses complices ne sont pas loin de toucher au but, eux aussi, mais...) ou encore LE PACHA (1968) (Comme le Cerveau, Quinquin (André Pousse) décide de s’attribuer les deux milliards que transporte le train Bâle-Bruxelles. Mais c’est un piège !).

Vingt-quatre millions de francs, tel fut le budget du film que vous venez de voir. Le producteur Alain Poiré fut obligé de coproduire le film avec l’Italien Dino de Laurentiis et de passer un accord avec la Paramount pour une exploitation nord-américaine. Mais, dans les cinémas de l’Oncle Sam, on n’apprécie ni les films doublés, ni les films sous-titrés. Oury sera donc obligé de tourner, en même temps que la version française, une version anglaise ! Si cette contrainte ne posa aucun problème au bilingue et francophile David Niven et, pas trop, à Bourvil – qui allait bientôt tourner en anglais l’Arbre de Noël  avec William Holden –, ce fut un calvaire pour Eli Wallach et Jean-Paul Belmondo qui avait toujours refusé de jouer en anglais. Si la version française cumula plus de cinq millions et demi d’entrées, The Brain, titre logique de cette version américaine, amputée de 13 minutes et exploitée dans un très modeste circuit, n’eut pas, comme on dit, le succès escompté !

Associer quatre comédiens de cette importance dans un même film oblige à une rigoureuse égalité de traitement, autant dans le scénario que sur l’affiche. A ce propos, l’accord stipulait qu’en France, en Belgique et en Suisse, les noms de Belmondo et de Bourvil précèderaient celui de David Niven alors que, partout ailleurs, ce serait le contraire. Mais, résidant une partie de l’année en Suisse, le comédien britannique imposa d’y apparaître, également, en tête de distribution. Les négociations furent rudes, l’Helvète d’adoption refusant de tourner le moindre plan tant que sa demande n’avait pas été satisfaite. Et elle le fut. Le Cerveau sera le premier film français de son éclectique et prolifique carrière.

Un an avant Gérard Oury, Georges Lautner avait, lui aussi, mis en scène l’attaque d’un train postal convoyant deux milliards en devises étrangères de Bâle à Bruxelles. C’était dans le Pacha, également produit par Alain Poiré. En plus de Jean Gabin, Dany Carrel et André Pousse, on y retrouvait Dominique Zardi, Henri Attal et Robert Dalban, également présents dans le Cerveau. Enfin, la réplique de la statue de la Liberté – 13,50 mètres de haut et deux tonnes de polyester – fut réclamée par André Marie, ancien ministre et maire de Barentin, charmante commune de Seine-Maritime où, aujourd’hui encore, elle tente d’éclairer le monde, plantée au milieu du (bien nommé) rond-point de la Liberté !

Après le Corniaud et la Grande vadrouille, Gérard Oury a mis 2 ans pour écrire et monter ce film qu'il ne voulait absolument pas semblable à ces 2 précédents. A partir d'un scénario imaginatif qui s'inspire du fameux vol du train postal Glasgow-Londres, il signe une comédie ...

Le colonel Matthews,responsable de l'attaque du train postal Glasgow-Londres,fait-divers réel survenu en 63,veut plusieurs années après rééditer son exploit en dérobant les fonds secrets de l'OTAN transportés par le train Paris-Bruxelles.Mais Arthur,un petit truand fasciné ...

Profitant savoureusement des succès des productions La grande vadrouille et Le corniaud, le cinéaste Gérard Oury poursuit sa gloire avec sa nouvelle réalisation Le Cerveau, retraçant les faits historiques d’un duo de malfrats ayant dérobé les fonds secrets des nations ...