PAS SI GRAVE

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Pablo, ancien combattant de la guerre d'Espagne, se sent sur le point de mourir. Il décide alors d’envoyer ses trois fils adoptifs, originaires de Liège, sur les traces de son passé pour le moins mouvementé. Les jeunes gens croiseront sur leur route deux vieux anarchistes roublards, un capitaine de la Guardia Civil au comportement étrange, un ancien toréador tenancier de bistrot ainsi qu'un commandant qui confond sa caserne avec un opéra. Charlie, l'un des trois frères, rencontrera l'amour en la personne d’une jeune femme prénommée Angela, tandis que les deux autres trouveront un sens à leur existence.

Pas si grave est l’avant dernier film réalisé par Bernard Rapp, décédé en 2006, auteur en tout de quatre longs métrages dont le plus connu demeure Une affaire de goût qui connut à sa sortie sur les écrans un très honorable succès aussi bien critique que public.
Pour interpréter les trois fils adoptifs qui vont au fil des événements reconstituer le passé de leur père, Bernard Rapp a choisi Sami Bouajila, vu dans De vrais mensonges de Pierre Salvadori, Romain Duris, le briseur de couples professionnel du film L’Arnacœur  de Pascal Chaumeil,  et Jean-Michel Portal, l’un des principaux protagonistes de Je suis un no man’s land de Thierry Jousse.

Et c’est le cinéaste Alejandro Jodorowsky, réalisateur entre autres films, de El Topo et de La montagne sacrée dans lesquels il jouait également, qui incarne ici le personnage de Pablo, le père. Quant à la belle Angela qui fera chavirer le cœur de Sami Bouajila, alias Charlie, elle est incarnée par Léonor Varela, remarquée dans Le Tailleur de Panama de John Boorman. 

 
Dans le même genre vous pouvez trouver PROMETS-MOI (Dans ce film d'Emir Kusturica, un jeune homme quitte son village et entame un parcours initiatique vers la ville afin d'honorer une promesse faite à son grand-père.) ou encore NOS VIES HEUREUSES (Sami Bouajila et Jean-Michel Portal avaient déjà tourné ensemble dans ce film de Jacques Maillot.).

Bernard Rapp décédé en 2006 à l’âge de 61 ans, était avant tout un homme de télévision. D’abord Grand reporter, il devait ensuite présenter le journal télévisé de 20h pendant quatre années avant de se lancer dans l’animation d’émissions littéraires, la plus populaire demeurant L’Assiette anglaise. Passionné de cinéma, Rapp collabora au premier dictionnaire Larousse des films tout comme il écrivit le texte du premier film Omnimax français, L’Eau et les hommes que réalisa Pierre Willmin.

Pas si grave est le seul des quatre longs métrages que réalisa Bernard Rapp dont il fut l’auteur à part entière. Ses trois autres films, bien qu’il collabora systématiquement au scénario de chacun d’entre eux, étaient en réalité des adaptations de romans ou de pièces de théâtre. Pour cette raison, Pas si grave occupait une place à part dans le cœur de son réalisateur qui avouait beaucoup aimer l’idée que les trois jeunes gens soient animés par le désir de régler une dette envers leur père, alors qu’en réalité c’est le vieil homme qui leur faisait un joli cadeau en les envoyant tracer justement leur avenir sur ce qu’eux pensaient n’être que des vestiges du passé.
La voiture jaune que vous n’aurez pas manqué de remarquer dans le film, a été peinte dans cette couleur voyante pour répondre au désir de Bernard Rapp de conférer au véhicule un rôle à part entière dans l’histoire, se référant selon ses propres dires à des comédies américaines des années soixante et soixante dix dans lesquelles une automobile devenait soudain aussi importante pour le déroulement de l’intrigue que les personnages eux-mêmes.

La voiture dans Pas si grave fait plus que transporter les trois frères d’un endroit à l’autre, elle les conduit vers leur avenir, elle trace leurs destinées. Elle est leur mule disait encore Bernard Rapp qui racontait avoir lui-même possédé une Volvo de cette même couleur plusieurs années auparavant. Et puis sachez que Romain Duris a interprété son personnage de trompettiste avec le plus grand professionnalisme et sans jamais être doublé, puisqu’il demanda à Bernard Rapp de lui accorder le temps nécessaire en amont du tournage dans le but d’apprendre à jouer de l’instrument en question et que ce fut chose faite. L’acteur prit des cours pendant près de deux mois auprès d’un musicien, Bernard Vittet, que lui trouva le cinéaste personnellement.

La trame musicale made in Sergent Garcia, Manu Chao, Souad Massi ou Titi Robin donne au film les rares teintes colorées que l'Espagne, les comédiens n'auraient pas réussi à poser ici et là. Le film est pétillant, naturel, vivant. Quelques scènes sont d'une rare et sincère ...